Le bonheur : une quête.
Je tenais à faire un sujet particulier suite au commentaire laissé par Louis il y a un post de cela.
Je le cite ici pour plus de clarté :
"Instinctivement, nous cherchons le bonheur. Nous voulons être. Nous
voulons la plénitude ; nous aspirons. l'essence de la vie, c'est le
désir, comme dirait un ami.
Mais toute quête suppose la possibilité
de se perdre, de s'égarer et d'oublier ce que l'on a à être. Je pense
que tu as très bien compris cela, daniel, mieux que la plupart d'entre
nous. En tout cas, c'est ce qui se dégage de ce post.
Le volontarisme n'est certes pas la panacée, mais la volonté ne peut être ignorée (enfin je crois).
Dans tous les cas, je te fais confiance en ces choses-là, cher dgrv, et t'envoie tous mes voeux (qui ne sont pas pieux, ceux-là)"
Louis a mis en valeur un des problèmes centraux de la quête du bonheur. Le boheur, en tant que tel, n'a pas de sens. N'étant pas un philosophe, je n'élabore pas ici une définition complète du bonheur. Il s'agit simplement de la recherche du bien-être. La motivation du plaisir. Et c'est pour cela qu'il est si facile de s'y perdre. Le bonheur n'est qu'un aiguillon. Il n'est qu'un moyen, au départ. Il nous fait faire certaines choses (par exemple, procréer ou survivre).
En fait, le bonheur est très difficile à gérer. Ce n'est pas sans raison qu'on brandit toujours le spectre de celui qui perd la tête face au succès. Ou encore, cette image de l'homme qui a réussi dans la vie, et qui, par appétit, par recherche de plaisirs toujours plus raffinés, s'empate, glisse dans l'auto-destruction (orgies, perversion, drogues, alcoolisme,...).
Un trop plein de bonheur fait perdre la tête.
Nous voulons, nous désirons. Ceci, cela. Etre heureux, connus, riches, créer, aimer et être aimés, changer le monde... tous ces rêves qui peuvent nous engloutir. Le rêve de puissance, que j'aurais pu formuler rêve de reconnaissance, englobe une bonne partie de ces aspirations que l'on a tous, parce qu'on a un ego, qui a besoin d'être nourri, parce que si on veut ne pas rester prostré, il faut bien des motivations.
Alors, le rêve de liberté que j'ai, au milieu de tout cela, consiste à chercher s'il y a une manière d'être sans soumission à ces désirs.
Il y a là une contradiction que je n'ai pu surmonter, et qui est probablement insurmontable : si l'on se délivre des noirceurs de ce qui peut nous pousser, on supprime en soi les désirs. Je n'ai pas la naïveté de considérer les désirs comme quelque chose de simple, pur, et qui peut survivre sans la richesse, la formidable complexité de notre inconscient.
Si je cherche cette liberté, c'est parce que j'ai été habité par des fantômes qui m'ont dominé, des forces qui provoquaient des tempêtes en moi, des vagues de violence jalouse, frustrée, qui ont causé beaucoup de mal.
Parce que je voulais être heureux, j'ai lutté contre ces forces archaïques. Et j'en suis venu à bout, à mon propre étonnement, à l'encontre de toutes mes prévisions. Depuis que j'ai fait ce qui me semblait impossible, je me demande "jusqu'où puis-je aller ? Quelle est la limite ?"
Je cherche l'équilibre parfait.
La difficulté dans cette histoire, c'est que tout cela se déroule dans le théâtre imaginaire de mon esprit. Autrement dit, je peux croire ce que j'ai envie de croire. Je peux croire à n'importe quelle vérité. Il suffit pour s'en convaincre de considérer le grand nombre de religions et croyances et leurs antagonisme, dans le domaine religieux, psychologique et métaphysique.
Au fond même, et c'est là que je retrouve Louis, rien n'est réel, et pourtant le chemin intérieur est une préoccupation constante depuis le début de l'histoire humaine. Alors, à quoi bon ? Tout cela n'est-il pas simplement une manière détournée de fuir la réalité, de ne pas l'affronter ?
Quelles sont mes motivations réelles ? Dans la quête de soi, peut-il y avoir quelque chose qui justifie des sacrifices de ce qui est pour ce en quoi l'on croit ?
Je ne peux, encore une fois, que faire attention à ne pas oublier ces inquiétudes, ces questions sans réponse. J"ignore s'il y a un chemin.
Je crois qu'il y en a un parce que j'ai cru voir la sagesse de mes propres yeux en quelques personnes qui sont actuellement vivantes (Je pense au Dalaï Lama, chez qui j'ai été particulièrement sensible à quelque chose qui me semblait se dégager de lui. Je pourrais citer un prêtre du nom de Guy Gilbert. Et même ma marraine.)
Accepter ce que l'on doit être définit le passage à l'âge adulte. La volonté, c'est la force d'accepter cela, la force de le vouloir.
Alors, l'essence de la vie est bien le désir. Au-delà du désir d'être heureux, il s'agit pour l'essentiel de la capacité à trouver un compromis le plus intéressant possible pour soi entre le bonheur et la réalité. le meilleur moyen consiste à transformer ce qu'on ne peut éviter en ce qu'on désire.
Pour dire clairement les choses, la seule manière dont la société accepte l'originalité, la quête du bonheur d'une manière qui ne tient pas compte de la réalité, c'est si le rêveur en question a un talent qui rentabilise son incapacité à se fondre dans un moule prédéfini. Alors, mon année de voyage est aussi la quête de cette possibilité.
Je n'ai pas envie d'avoir à accepter la réalité. Et je ne me sens pas la force de trouver un milieu.
Alors je cherche une manière d'être qui me permettrait d'être heureux, libre, et de vivre une vie qui, à mes yeux, ait un sens. A défaut, je cherche à savoir comment arriver à faire ce que je dois.
De toutes les manières, c'est toujours trop compliqué !