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dgrverrances
14 juin 2007

Le monde est un enfer. Il n'y a pas de paradis

Le monde est un enfer.

Il n’y a pas de paradis.

(nouvelle)

decharge_1

L’histoire que je veux vous raconter parle d’un gamin au nom etrange d’Alien.

            Il n’etait pas beau a voir, avec son epaule et son bras gauche malforme. La partie gauche de son visage etait comme dessinnee au couteau, comme si quelqu’un avait dessine une approximation de visage les yeux fermes... Son oeil semblait toujours a moitie ferme, son expression toujours dure, immobile.

            S’il n ‘eut pas d’etats d’ames quand il decida de partir, c’est aussi peut-etre parce qu’il n’etait pas de sa tribu. Sa tribu d’origine etait morte et la tribu de Mirik l’avait recueilli in-extremis, malgre sa malformation, qui n’etait pas si deplacee. Ils pensaient qu’il avait quatre ans a l’epoque.

            Au debut de notre histoire, Alien n’est encore qu’un gamin d’environ seize ans. Les journees sont rudes. C’est le plus dur hiver que la tribu aie connu. Il fait desesperement froid. La neige recouvre tout. Une neige d’un gris douteux, bien trop polluee pour que quiconque se risque a la boire. Dans la tribu, les habitudes sont bien ancrees. Savoir eviter la pollution, c’est la cle de la survie.

            La tribu vit sur ses reserves d’eau. Alien appartient aux quelques jeunes qui ont survecu, Tous sont malformes comme lui. Merimoz a des moignons a la place des jambes, Dina une poitrine en creux : il lui manque un poumon et son estomac est mal place. Everest est tout petit et mal proportionne. Il a du mal a se deplacer. Il a cesse de grandir bien plus tot qu’il n’aurait du.

            Dans la tribu, tout le monde est comme ca...

            Alien ne sait pas tres bien combien ils sont en tout dans la tribu. Plus de cent, ca c’est sur. C’est une tres grande tribu. Plusieurs vieilles femmes sont mortes ces derniers temps. Il n’y a pas assez de nourriture pour tout le monde. Rien a chasser, rien a recolter.

            La tribu survit avec le peu de vegetaux qui ont eu le temps de pousser en ete. Mais le froid est venu plus tot cette annee.

            Ils sont une trentaine serres dans leur abri de misere. Il y a des trous un peu partout, et pas grand chose a faire a part attendre et se taire. Armand savait bien comment construire les maisons, mais il y avait d’autres soucis en ete. Personne n’a pris le temps de s’en occuper.

            Le brouillard recouvre tout. Tout est gris. Le sol est gris, les toits sont gris. Il y a des flocons dans l’air, a l’interieur de l’abri, que le vent y apporte et qui fondent au contact des respirations.

            Tout le monde a froid, malgre le feu au centre de la piece. Se rapprocher un peu plus du feu n’amenerait qu’a y bruler.

            Ils sont plusieurs familles. Dina, se presse contre Alien. Ils s’entendent bien. Bien qu’il soit de la tribu, Dina a perdu toute sa famille il y a plusieurs annees deja.

            Au milieu de la nuit, au creux de l’hiver, il y a un grand vacarme. Sous le poids de la neige et de la pollution qui le ronge de l’interieur, un arbre se brise. Il tombe sur les reserves d’eau, le bien le plus precieux de la tribu, et les perce. Il n’y a plus rien a boire. Plus rien qui ne soit pollue.

            La moitie de la tribu meurt dans les jours qui suivent. Les autres, bien obliges de boire l’eau de la riviere ou de faire fondre la neige (laquelle est la moins pire des solutions ?) sont ecroules sur le sol avec un mal d’estomac contre lequel ils sont impuissants. Plus personne n’entretient le feu. Plus personne n’a la force de faire a manger.

            La pollution. Armand avait bien essaye de lui expliquer ce que c’etait, mais Alien n’avait pas compris grand chose, a part qu’il y avait des particules invisibles et mauvaises dans le sol, et l’eau, qui deformaient les gens et les tuaient, et que la seule eau assez bonne etait celle de la source. La seule source d’eau buvable que la tribu connaisse, et seulement quand il n’avait pas plus depuis un certain temps. L’eau de la pluie, de la riviere, de la neige etait mauvaise.

            C’est dans ces conditions qu’Alien se dit que s’il restait, il allait mourir. Dina etait mort dans la nuit. Armand, qu’il aimait bien, etait mort l’hiver precedent. Tout ce qu’Alien savait du monde, c’est qu’il etait enorme. Alors, il se disait en toute simplicite qu’un endroit pire que celui qu’il connaissait ne pouvait pas exister, et qu’avec un peu de chance, il se trouverait une place pour lui quelque part. Il se souvenait vaguement du mot paradis. Un endroit bien, d’apres ce qu’il avait entendu dire.

            S’il s’en sortit, c’est parce que toute sa vie, tout ce qu’Alien avait jamais appris ou fait ne servait qu’a survivre. La vie etait dure. Tout le monde le savait. Certains dans la tribu parlaient d’un autre temps, il y a bien longtemps. Plus chaud, plus clement, plus facile, un monde habite par les hommes. Mais il n’avait jamais rencontre d’autre tribu que la sienne. A part eux, les montagnes etaient vide, le monde entier etait peut-etre vide.

            En verite, Alien ne croyait pas a cette histoire de temps passe.

            En partant, Alien emporte quelques squash, les legumes que la tribu essayait de cultiver. Ils lui appartiennent tout de meme un peu, vu le temps qu’il a passe a s’en occuper.

            Le desespoir, Alien ne connait pas, pas plus que l’espoir. Il se dit juste qu’il trouvera peut-etre un bon coin pour vivre, quelque part.

            Il descend les montagnes, marche dans la neige. Il ne sait pas ou il va. Une fois, il dort au milieu de ruines etranges, faites de murs brises, de barres de metal tordues, et de gros tas de pierre a moitie reduites en poussiere. C’est tres grand.

            Evidemment, il evite les fausses montagnes, celles qui sont faites de feuilles glissantes d’une matiere etrange. La tribu les utilise pour se proteger de la pluie, mais tout le monde les evite quand elles sont repandues en gros tas partout. Il n’y a pas que des feuilles glissantes, il y a aussi des objets qui peuvent vous blesser. Alien connaissait tous les gros tas dans le coin de sa tribu, mais maintenant, il lui arrive de tomber sur une fausse montagne et de devoir marcher tres lentement.

            Le temps est meilleur dans la plaine. C’est plat, c’est sans fin. Alien avance. Il ne va pas tres vite. Sa demarche est etrange, irreguliere, avec son corps deforme. Au depart, tout se passe bien, il arrive a manger de petites choses ici et la. Des feuilles qu’il connait, des herbes moins polluees. A l’occasion, il abat un petit animal avec son lance-pierre. Quasiment toujours un rat.

            Les bandes de chiens ne sont pas faciles a eviter. Un homme seul est une cible de choix. Alien louvoie, se cache. Il a l’habitude. Dans son monde, l’homme ne domine rien. Quand il ne parvient pas a echapper a une bande d’autant plus excitee que tous les chiens qui la composent sont rachitiques, il grimpe dans un arbre et s’entraine avec son lance-pierre. Il attend jusqu’a ce qu’ils partent.

            Plus loin, c’est le desert. Le temps a passe. Une seule fois, Alien a rencontre des traces encore fumantes d’humains. Une petite tribu. Il a pris la direction opposee. Ca lui fait peur tout d’un coup, l’idee d’etrangers, d’hommes inconnus.

            Alors il continue de marcher. Pour la pollution, il ne sait pas tres bien. Il applique tout ce qu’il sait. Il boit la ou il pense que l’eau est la moins polluee. Il ne se sent jamais tres bien pourtant, toujours un mal lancinant a l’estomac.

            Il continue d’avancer malgre tout.

            Une fois, apres avoir mange un rat, il a terriblement mal a l’estomac, il attrappe la fievre. Ca dure une longue semaine. Il repart, tres faible, mais vivant. Il avait cru voir la mort venir pourtant. Ce sera pour une autre fois.

            Sa tribu lui manque, parfois. Ce n’est pas tant qu’il les aime, mais ne pas etre dans une solitude totale et pouvoir oublier tous les soucis et laisser d’autres s’en occuper fait parfois, de temps en temps, un bien fou.

            Pendant plusieurs jours, il traverse une zone etrange, ou la neige et la glace fondent a certains endroits. Il voit bien que rien ne pousse ni ne vit. Le sol est recouvert d’un nombre alarmant de squelettes aux formes particulierement etonnantes. Quand il goutte l’eau d’une source qu’il croise, il se rend compte qu’elle est chaude. Alien se dit que c’est une autre forme de pollution  et presse le pas.

            N’empeche, une source chaude, ce serait tellement bien pour s’installer...

            Ce qu’il a devant les yeux, c’est un monde vide. Il ne s’en rend pas vraiment compte. A l’epoque, il n’a pas encore entendu parler de ce que le monde fut. Il n’y pense pas. L’imagination n’est pas une qualite tres developpee chez lui. Ce n’est pas une qualite du tout pour dire la verite.

            A quoi Alien occupe son temps ? Il regarde. Il n’a pas l’habitude de reflechir. Il ne lit pas, bien sur. Salangue est pauvre. Il y a beaucoup de choses qu’il ne comprend pas autour de lui. Par exemple, il ne comprend pas tres bien le mur de metal transparent qu’il rencontre un jour sur sa route, et qui semble lui porter un coup quand il le touche.. Plusieurs mois ont passe. Il sent bien, a l’odeur et aux voix, qu’il y a des hommes de l’autre cote, qu’ils sont nombreux et qu’il y a de la nourriture, mais ce mur, impossble de l’approcher sans avoir mal. Il reste deux jours a tourner autour. Quand il essaye d’accumuler de la terre et des bouts de bois pour passer par dessus sans toucher le mur, des hommes arrivent et lui font signent de partir. Comme il ne reagit pas, ils sortent un long tube qu’ils pointent sur lui. Ca, Alien ne comprend pas non plus, comment ils reussissent a lui planter un morceau de metal dans la jambe.

            Ca fait tres mal, il a plus de mal a marcher par la suite, mais il a compris la lecon. Il va continuer d’eviter les hommes.

            De toute facon, le monde d’Alien ressemble a un enfer vide. Et il n’y a pas de paradis.

            Un jour, il parvient au bord de la mer. C’est immense. Il se demande si l’eau est dangereuse pour lui. Il finit par choisir une direction et linge le rivage. Ca lui plait. L’odeur qu’apporte le vent, le sable, une telle quantite d’eau, les vagues...

            Il decouvre que les crabes mordent, mais, plus important, qu’ils sont comestibles. Ca ameliore un peu sa vie. Et puis, il decouvre des ruines comme il n’en a jamais vues et des fausses montagnes a perte de vue. Le tout s’etend sur des kilometres et des kilometres. Il y a des murs brises partout, et meme quelques murs encore debout.

            Alien sait d’avance que les ruines sont le terrain des chiens, des chats et des rats. Pourtant, il rencontre une tribu humaine de pecheurs. Les kolkota. Ils l’accueillent plutot bien, et il s’habitue vite au poisson seche. Ils ne sont pas nombreux, mais ils s’en sortent. Ils l’invitent a se joindre a l’une de leurs expeditions dans les ruines, pour chasser du chien. Ils ont developpe des techniques de chasse tres interessantes. Et puis, en plus de nettoyer un peu les environs, ca leur rapporte de la viande supplementaire. Ce qui n’est jamais de refus...

            Alien les quitte finalement et continue son chemin.

            C’est a ce moment de sa vie qu’Alien rencontre Abishek.

            Abishel est deja un vieil homme. Il voyage seul, lui aussi. Il est vide, mais il a des yeux qui semblent se moquer de tout. Des yeux bien vivants. Il lui plait bien, a Alien.Il ne comprend pas tout a fait comment il reussit a etre ainsi dans ce monde.

            Les deux se mettent a voyager ensemble. Au fil des mois, ils trouvent un langage commun. Abishek connait beaucoup de choses. Il se debrouille bien malgre son age.

            Et puis, lentement, Alien se met a reflechir. Parce qu’Abishek lui parle de tout, qu’il lui pose des questions. Abishek est curieux, et Alien decouvre qu’il l’est egalement, mais qu’il n’a juste pas eu l’occasion ni le temps de reflechir. Abishek lui apprend des mots, qu’il est oblige de lui expliquer pendant des heures pour bien lui faire saisir toutes leurs implications. Il lui montre le plastique, l’ecriture. Il essaye de lui apprendre. Il decide meme un jour de lui montrer son plus grand secret et son bien le plus precieux : un livre, avec des lettres et des dessins. Abishek essaye de lui expliquer ce qu’est une voiture, un elephant, un avion...toutes choses qui n’existent plus.

            Derriere les ruines, dans les decharges et les restes laisses par l’humanite morte, dans l’esprit d’Alien, se dessine le paysage d’un age d’or. Et la question qui lui vient un jour : Mais pourquoi ne peut-on pas recommencer ? Abishek lui repond que l’homme a epuise toutes les ressources de la Terre. Il ne reste rien. Rien que la pollution, quelques bandes de chiens et quelques tribus d’humains.

            Et puis, Abishel tombe malade. Il arrive a marcher tout de meme. Il semble savoir ou il va. Un jour, ils parviennent a un mur pareil a celui qu’Alien avait croise il y a longtemps. La, ils attendent. Des hommes arrivent au bout de plusieurs jours. Abishek leur demande un medicament dont Alien n’a jamais entendu parler, bien qu’il aie une vague idee de ce qu’est un medicament. Mais les hommes refusent.Ils n’en ont pas assez pour eux, disent-ils.

            Alien sait deja qu’Abishek a ete chasse de cet endroit parce qu’il ne pensait pas comme il fallait. Abishek lui a explique qu’ils ont lapuissance, l’energie, que ce sont des hommes avec du savoir (mot magique pour Alien, qui se souvient que le savoir peut blesser a distance et faire des murs qui choquent). Pourtant, ils refusent. Et Alien se dit qu’ils ne sont peut-etre pas si puissants que ce qu’ils peuvent croire, qu’un jour eux aussi n’auront plus rien...

            Abishek mort, Alien continue ses errances. Il garde son livre, bien qu’il n’aie jamais appris a lire. Il pense que ce n’est pas si grave. Maintenant, il reflechit. Il trouve des astuces pour vivre mieux. Il se fait une sarbacane et reussit a recuperer une lame de metal. Sa zone s’etend sur des dizaines des jours de marche dans toutes les directions, et va des montagnes a la mer.

            Mais a force de voyager, de boire l’eau ou il la trouve et de manger ce qu’il peut, Alien finit par epuiser toutes les possibilites de son corps. Peu d’annees ont passe, pourtant Alien ressent une fatigue sans borne. Il tombe malade et meurt dans l’une des rares tribus dont il a croise la route au cours de ses errances.

            Il avait probablement vingt-et-un ans.

            Il n’y a pas vraiment d’epilogue a sa vie. La pollution, le vide, c’etait son monde. Il ne savait pas qu’il vivait vers le milieu du vingt-troisieme millenaire apres J.-C., que les hommes avaient tout foutu en l’air et qu’il payait l’addition. Il avait bien essaye de reflechir, mais comme sur tous les autres plans, le monde n’avait pas eu grand chose a lui dire.

            Et puis, il est mort. Sans avoir jamais vu le soleil. Le moindre instant de sa vie s’etait deroule sous un ciel nuageux et dans une poussiere et une boue omnipresentes.

            Je crois que c’est ce qu’on appelle l’enfer.

15/06/2007

Mirik/Darjeeling

Je ne pense pas beaucoup de bien de ma nouvelle, mais bon, pour une fois que je m'assois a une table de mon hotel a Mirik et que je ponds une nouvelle de sf aussi facilement qu'un poeme, comme si c'etait la chose la plus naturelle du monde, je ne vais pas faire la fine bouche.

Je serais particulierement heureux si vous me laissiez des commentaires cette fois-ci. Et n'hesitez pas a dire ce que vous pensez vraiment... J'aimerais avoir une vague idee au moins de la maniere dont je devrai m'y prendre pour faire mieux la prochaine fois.

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Commentaires
A
Intercale des descriptions imagées et remplies d'adjectifs qui mènent tes lecteurs où tu veux qu'ils aillent.<br /> Structure le récit (fais des parties, même pour toi, à partir du texte original).<br /> Insiste sur le développement de l'esprit critique et d'analyse de ton héros.<br /> Insiste aussi sur le mentor, plus typé physiquement et moralement.<br /> Ainsi, tu pourras mener le lecteur vers une chute plus "dramatique".<br /> La critique est facile, l'art est difficile.
D
Merci.Ca,ce sont des commentaires que j'apprecie.En effet, ce dont vous parlez n'est pas facile pour moi, mais je crois que vous avez raison.<br /> <br /> Bien a vous,<br /> Daniel.
N
mon cher daniel, <br /> réminiscence de ce livre que tu m'avais prêté ou les hommes ne dominaient plus rien<br /> et bien sur de Niourk de Stefan Wul<br /> qui est exactement la même histoire avec un dénouement plus faramineux que la mort misérable d'alien<br /> <br /> mais il y a de la matière<br /> pour faire sentir ce que tu veux exprimer<br /> tu ferais mieux de te concentrer sur une journée<br /> un fragment vraiment significatif de la vie du personnage<br /> et la décrire intensément<br /> <br /> je suis d'accord avec Camille, le narrateur prend souvent ses aises chez toi, efface le un peu, laisse parler les mots<br /> mais rend l'intensité<br /> dans le style "nouvelle", souvent tu "passes" sur certaines choses : par économie du récit tu ne devrais même pas les mentionner<br /> développe, fonce, impressionne, rend.<br /> concentre aiguise parfume détend <br /> fascine...<br /> <br /> <br /> ton Noam.
L
L'idée est intéressante. L'histoire ne manque pas d'aventures, et cependant tu aurais pu la rendre plus vivante, en rompant avec le fil de la narration en y insérant des dialogues, peut-être, en donnant plus d'importance au personnage principal, afin que l'on s'attache davantage à lui (partager ses pensées, son point de vue, ses paroles nous rapprocherait davantage de lui), car j'ai l'impression que l'histoire est jouée d'avance au début, comme si on la considérait d'un point de vue téléologique: Moi, le Narrateur, je prends la parole dès le départ parce que mon personnage sera incapable de la maîtriser et de la tenir jusqu'au bout. <br /> On survole ce personnage, c'est dommage, l'histoire aurait pris du relief. <br /> Je vois bien en quoi l'Inde se trouve dessinée dans ce pays imaginaire pollué et désert...
dgrverrances
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