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dgrverrances
22 octobre 2007

Transformers

Le destin a parfois des détours bien étranges. Parmi tous les films que j'aurais pu choisir pour me taper la tête contre leur forte constitution, c'est Transformers qui est sorti du lot. Je suis littéralement obsédé par ce film, de la même manière que je suis l'enfant du cinéma de cette décennie, à grand renfort d'effets spéciaux et de fantastique, admirateur des Bryan Singer, M. Night Shyamalan et, bien sûr, Michael Bay, auteur de The Island, Bad Boys I et II, et Transformers, pour ne citer que ceux-là. Depuis une semaine, je suis donc obsédé par Transformers, deux passages du film en particulier, dont la musique me tient dans ses griffes. Et j'y puise l'inspiration pour mes rêves de réalisateur. Parallèlement, de vagues souvenirs dressent devant moi le portrait extravagant des rêves qui peuplent mon sommeil. Ces rêves sont, je le sais maintenant, la matière capable de peupler mes films. Ils sont visuels. Ils sont intenses, et absolument démentiels. J'y déploie à pleine puissance mon imagination noire et fantastique, bien loin de la sf bonne enfant que j'ai pu laisser transparaître jusque là. Comme me l'ont dit des critiques de ma poésie, le fond reste simple, encore enfantin. Les sentiments qu'on y lit sont ceux d'une personne fermée sur elle-même et qui n'a qu'une palette fort réduite. Où pourrai-je trouver cette richesse et cette ambiguité qu'un film intelligent exige, si ce n'est dans mes rêves. Alors si quelqu'un peut m'aider à trouver une méthode pour me rappeler mes rêves, ce serait fort utile pour moi. Revenons à Michael Bay, cinéaste fort mal vu par les vrais cinéphiles, qui critiquent ses blockbusters et sa photographie brouillonne. Personnelement, ses films m'apparaissent comme des trips de gamin et son sens de l'image correspond entièrement au mien, se rapprochant à mes yeux d'amateur de celui, tout aussi développé, de Jan Kounen. Tous deux ont compris, selon moi, que ce qui compte, c'est l'effet produit, l'efficacité. Et de ce point de vue là, ils pensent en termes bassement matérialistes. C'est, après tout, la spécificité du cinéma. Le film produit un effet sur le spectateur. Le cinéma est le genre de l'effet, celui où la réunion de l'image, du mot et du son peut avoir l'impact le plus fort et le plus direct sur un être humain. Il y est toujours question de style, d'apparence, d'illusion. Et l'apparence m'y intéresse plus que la profondeur, parce que je suis convaincu, et c'est ma vision, que, contrairement à la littérature, dans le cinéma, il est possible de créer une profondeur avec l'apparence, alors que l'inverse (créer de l'apparence avec de la profondeur) ne peut qu'être d'un ennui monumental. J'avoue, avec la honte de celui qui a refusé la culture "classique", n'avoir aucun attrait particulier pour l'ennui, pour d'obscurs fantasmes et d'incompréhensibles fascinations. La détresse sans fond, la noirceur absolue, le rire sans profondeur, la conceptualisation (aussi brillante qu'elle soit) sans la visualisation me semblent trop simples, trop faciles. Je veux puiser autant dans la culture cinématographique d'un film comme "L'Enfant" des frères Dardenne que dans celle des Blocbusters de Michael Bay. Le sensationnel m'intéresse. je n'ai pas d'a priori contre lui. "Faire effet", utiliser le visuel serait une facilité ? Un peu comme les effets de style en littérature ? Je n'en suis pas si sûr. Après tout, l'effet visuel est au cinéma ce que la profondeur est en littérature. Le cinéma a sa profondeur. Je concèderai facilement qu'elle est loin d'atteindre les abysses qu'ouvre la langue écrite étirée sur des centaines de pages, mais elle est là, comme certains films le démontrent si brillament. Je pense à David Lynch et à son fascinant Mulholland Drive, pour ne citer que celui-là. Le langage cinématographique a besoin de clarté et, personnelement, je ne supporte pas la prétention intellectuelle dans ce genre, qui mène bien trop facilement à une profondeur de facade qui ne fait que rendre plus évidente l'incapacité de certains à utiliser ce média. A trop bien vouloir être profond, on finit par ne produire que prétention et discours simpliste. Comme tout le monde le répète avec raison, mon père entre autre, la littérature laisse à son lecteur la iberté d'imaginer. Parce qu'elle n'impose pas d'image, le lecteur doit se "projeter son propre film" et réfléchir pour absorber la profondeur du mot. Mais les films, parce qu'on peut très bien regarder la plupart en se contentant d'une vision superficielle, sont une culture d'une certaine manière plus difficile que la littérature même. Et l'imagination n'y a pas un moindre rôle, il me semble. Pourquoi ? Parce que lorsqu'on voit un film, l'imagination démarre lentement, mais plus le temps passe, et plus elle a la liberté de travailler. Regardez tous ces fans qui pendant des années ont ruminé sur tel ou tel film, personnage, pour, dix, vingt, trente ans après le film qui les a inspiré et fasciné, ramener sur le devant de la scène leur vision, que ce soit Alien (pour le troisième opus de David Fincher ou Alien vs Predator, malgré toutes les critiques que le film attire, avec raison), Superman (avec Superman Returns, de Bryan Singer) ou tant d'autres filiations bien moins directes. Une génération de cinéastes nourrit la suivante, qui puise dans toutes les générations qui l'ont précédées pour complexifier et enrichir encore plus la génération suivante. Je ne parlerai pas ici d'un réalisme beaucoup plus exigeant dans le cinéma (actuel, et certainement lié à la culture cinématographique américaine et à ses effets spéciaux) que dans la littérature. Un simple détail peut ruiner un film entier, parce que visuellement, on voit tout de suite lorsque ça "ne marche pas". Ce n'est pas sans raison que la conception des décors, des costumes, des personnages exige le travail d'une équipe souvent importante. En ce sens, le cinéma est le résultat d'un travail d'équipe, de la tradition d'une communeauté, beaucoup plus que la littérature. Ce qui n'est que l'une des particularités du cinéma, l'un de ses paramètres de travail. Songez à un jeune réalisateur américain comme James Cameron tournant son "Alien" dans les studios de la vieille Angleterre, devant affirmer sa vision face aux traditions bien ancrées et à la manière efficace, mais lente, de travailler des artisans du cinéma anglais. Quelle force cette vision doit avoir pour mener son oeuvre à son terme. Au fond, le cinéma est un domaine où il est tellement plus difficile de produire un chef d'oeuvre que dans la littérature, entre le moment où un film naît dans l'esprit d'un scénariste ou d'un réalisateur, et le moment où un film réel est achevé, qu'il est étonnant que le cinéma moderne produise encore et aie jamais produit autant de réussites. Chapeau !
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Commentaires
N
le seul truc de bien dans transformers<br /> (à part que je jouais avec étant petit<br /> et entre nous, je jouais pas les Decepticons pour rien<br /> (("descend'la ptit con !")) )<br /> <br /> c'est le verbe TRANSFORMER !
dgrverrances
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