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dgrverrances
28 septembre 2007

Trouble

REFLEXION SUR LE CINEMA ET L'INVISIBLE (mégalomanie) Deuxième nuit blanche sans compensation... Qu'est-ce qui m'arrive ? Je me tiens à distance de tout le monde, enfermé dans ma chambre, avec mon macbook et mon ipod, internet, mes films, mes silences et mes errances inabouties... Je me pose des questions dont je ne sais rien et dont les réponses me filent entre les doigts. Est-ce que je me les pose seulement ? Quelques jours seulement sont passés... Quelques jours seulement ? Ne voilà pas bientôt deux ans que j'erre, et encore un peu moins d'un an, tout seul, à vivre sur le dos de mon père, d'une manière totalement et absolument égoïste ? Je vise haut, mais quand aurai-je une preuve suffisante que je suis sur le bon chemin, que j'ai réussi ? Quand cesserai-je d'avoir l'impression de ne pas être sérieux ? Je ne veux pas seulement me créer mes petites inventions cinématographiques dans mon coin, je veux la réussite, ce qu'on dénomme le succès. Affronter le monde, ses exigences, son inertie. Pouvoir me servir de sa puissance, de ses moyens, de ses normes, de tout ce qui peut être mis au service de l'Art absolu. L'Art humain. Un Art qui, entre autres, doit éclairer au-delà de l'espace humain, imaginer l'Autre absolu, la différence inimaginable, le rêve jamais rêvé, et en plus l'éclaircir, le rendre un minimum accessible. Au fond, je ne cesse jamais de considérer l'art comme un outil de l'espèce humaine pour affronter le monde, à savoir la capacité à imaginer, à se préparer à affronter ce qui est derrière la porte. Et l'Art est à la capacité à imaginer ce que l'Amour est à l'attirance sexuelle animale, un dérivé, un détournement. Ou du moins, c'est ce qu'on aime à croire. La nature réussit le mieux à nous berner quand on se croit intelligents. Je contemple du moins une ligne droite qui pourrait me mener à un futur valable. Enfin ! En moins d'un mois, que de changements ! Que de décisions prises, d'assurance acquise, et, oui, de création. Invisible ici, peut-être, mais parfaitement réelle. Je me suis essayé à un tournage, et je crois que cela s'est plutôt bien passé. Reste à monter le court-métrage, et à finir de le tourner. Mais là où je voulais en venir, c'est à l'étrange état de trouble où je suis. Les jours filent, ou du moins j'en ai l'impression. Entre la musique (comment pourrais-je vivre sans elle ? Tant de merveilles que je ne connais pas encore ! Il faut, me dis-je, que j'aille piller les cd de tous mes amis pour les avoir à portée d'oreille et m'inventer de nouveaux univers), mes nouvelles acquisitions, ce futur à appréhender, cette nouvelle force que j'ai acquise et mes amis, celle qui m'aime, il semble y avoir un gouffre. Je cligne des yeux, comme au ralenti, et les voilà si loin. Je ne vois même plus les gens, l'espace de quelques jours, je suis comme dans une bulle. L'oeil photographique s'active. L'oeil qui n'écoute pas et se limite à regarder. Il scrute les autres yeux, les fenêtres, les coins, les ouvertures, les idées, les coeurs. Il ingurgite et ingurgite encore ce monde qui m'appartient parce que je m'y sens chez moi, qui m'échappe parce que tout change, que demain ce monde sera peut-être mort ou tout simplement différent. Je me pose la question : comment regarder le monde différemment. Comment y trouver, l'invisible, ce qui m'échappe parce que l'habitude ne m'a pas fourni les loupes spécialisées qui permettent de le distinguer ? Le cinéma est un art, à savoir un mensonge, une exagération qui vise, lorsque l'intelligence y est, à magnifier un (ou plusieurs) détail(s) de notre monde. Après tout, et c'est tout mon problème, il faut que le cinéma parle aux gens, parce que sinon, il ne "signifie" rien. Je me souviens d'une discussion avec une amie à moi (Julie), où l'on avait parlé des vers en poésie dont la sonorité est identique mais qui peuvent s'écrire de deux façons différente et avec deux sens différents. Oulipo et cie... Et sa conclusion était qu'inventer un système en forme de disque où, de quelques manière qu'on le modifie, il garderait un sens, prendrait des années. De même, la seule manière d'inventer un cinéma totalement autre, est d'utiliser une double couche sur tous les plans, de manière à ce qu'il reste humain, mais ouvre en même temps une porte sur cet Autre si terrifiant. Si j'y réfléchis bien, mon projet a un but final totalement fou et prétentieux qui tient sans doute à ce que je suis un lecteur de sf. Je me dis que l'espèce humaine ne peut rester embourbée dans son état de barbarie morale et de petitesse humaine si elle veut s'en sortir à terme. Et plus tôt chacun d'entre nous acceptera les nécessités de demain, mieux tout le monde s'en portera. Ce que je voudrais, c'est ouvrir le pas à cette prise de conscience. Introduire dans l'esprit des gens les premiers outils, inconscients encre, qui leur serviront, à eux ou à leurs enfants, à affronter les défis de l'expansion spatiale, d'une société en danger et pourtant disposant d'une puissance technologique titanesque. Ce que je vise, c'est la liberté intérieure qui permettra le glissement de nos habitudes d'aujourd'hui vers les attitudes d'après-demain. Je parlais de musique auparavant. Et en vérité, j'ai besoin d'un bon remontant, vu que je viens de lire dans un bouquin sur l'écriture des scénarios que ce que le cinéma a échoué à faire depuis ses débuts représente exactement ce que je vise. L'idée est très simple : faire quelque chose de nouveau. Quelque chose que ni la littérature, ni la peinture, ni le théâtre, ni la danse, ni la musique, ni aucune des formes d'art humaines n'a jamais inventées. Donner à voir, à appréhender cet au-delà de la pensée humaine, qui pourtant fait partie des possibles. Mais comment un cinéphile pourrait appréhender une oeuvre sans récit, sans personnages, sans rien de connu à quoi s'identifier ? Comment obtenir les moyens et le soutien pour une telle entreprise. Et puis, ce qui m'intéresse, ce sont aussi des films bien plus classiques : blockbusters intelligents au sens de l'image très développé, qui puisent leur nouveau dans les effets spéciaux. En gros, ce que je vise, c'est débarquer dans une industrie ancienne, parfaitement structurée, et qui se débrouille très bien toute seule pour survivre, suivre son époque et se remplir les poches, avec sa traînée de cadavres derrière elle malgré tout. Et là, je rêve de proposer une révolution. Une révolution dont j'ignore encore les modalités. Quel projet proposer ? Où vais-je ? Et quel est leur intérêt à eux, qui n'ont aucune envie de prendre des risques ? Toutes ces peurs, ces incertitudes, ces rêves grandioses, pourraient très bien n'être que vacuité d'espoir et parole de jeunesse bouillonante. Et si je ne trouvais pas ? Et si j'abdiquais ? Et si j'échouais, lamentablement, peureusement, inévitablement ? Changer est bien gentil, mais pourquoi ? Et il faut des arguments massue pour que ce changement ait un SENS et passe. C'est pour cela qu'une simple tentative ne m'intéresse pas. Je DOIS réussir. Et en cela, mes aptitudes sont peut-être pour une fois un avantage et non un défaut. Je pense à mon expectative naturelle, à mon habitude de tourner et retourner un problème dans ma tête, mes rêves et mon inconscient avant de l'affronter en combat singulier. Ces arguments massue nécessaires pour faire évoluer le monde, je ne les ai pas. Voilà donc tout ce qui trotte dans ma tête en ce moment. Et la réalité sensible a des accents d'inexistence par rapport à ces problèmes que je dois résoudre. Je suis un peu comme une fourmi dans un réacteur nucléaire et qui voudrait le comprendre, et le montrer tel qu'il est. C'est une histoire mainte fois narrée dans les contes. L'histoire d'un bonhomme qui se sent petit, avec raison, parce qu'il l'est, petit, et qui doit pourtant faire face au monde. Jusqu'ici je continue de regarder au-delà de l'horizon. Mais rien ne m'y oblige, à priori. Ce qui fait que contrairement aux héros de tous ces contes, je n'ai pas l'élément déterminant de l'obligation, de la survie, de quelqu'un à sauver... je ne veux juste pas baisser les yeux. Je le refuse. Pourquoi ? Par habitude ? Parce que je m'ennuye quand je regarde trop bas ? Qui sait... Je continue de chercher mon chemin. Vive les rêves !
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