Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

dgrverrances

28 septembre 2012

Politique urbaine et de transport de la ville de Paris

Suite à cet article, qui m'a été soumis par une connaissance, j'ai voulu répondre au problème de fond et de forme assez sévère que j'y ai perçu et traiter de la politique urbaine et de transport de la ville de Paris et de Delanoë. Je tiens à préciser que je ne me reconnais ni de gauche ni de droite et que je n'ai aucune affiliation politique. Il ne s'agit donc en rien d'un article politique.

 

Pour la forme, cet article est un l'expression d'une opinion. Point. Aucune statistique, aucune référence à une étude, à des recherches et évaluations. Comme c'est un sujet qui m'intéresse, j'ai vu certaines études sur les politiques d'aménagement des villes, et à priori, voici leurs conclusions et pourquoi il me semble que cet article fait tous les mauvais choix (mais c'est normal, les bons sont contre-intuitifs) :

 

  • La politique consistant à augmenter le nombre de places de parking, le nombre de voies, la facilité à circuler a l'effet opposé à celui attendu, à savoir fluidifier le trafic. Comme ces mesures facilitent la circulation, plus de gens achètent des voitures et circulent en voiture, augmentant ainsi à nouveau le trafic, rendant la circulation encore plus difficile qu'avant à cause de goulots d'étranglement qui se trouvent dans la ville. Conséquence : plus de gens en voiture, plus de pollution, plus d'embouteillages. Et il y a un tel nombre d’habitants à Paris et d’utilisateurs potentiels de voitures qu’il n’y a pas vraiment de limite à cela. Plus on va faciliter la circulation, plus il y aura de gens en voiture, plus on polluera.

    Par ailleurs, Paris a la spécificité d’être très petit et il n’existe pas de solution à l’heure actuelle pour les agrandir.

 

  • Rendre plus difficile la circulation, taper dans le porte-feuille, en effet (rendre l'essence plus cher à l'échelle d'un pays, faire payer une taxe ou n'autoriser dans une ville que les voitures de résidents ou gens y travaillant (système mis en place avec des scanners automatiques dans certaines villes au-dessus des voies d'entrée et de sortie), rendre les stationnements plus chers,...) ce sont les seules méthodes qui améliorent la circulation et la pollution dans une ville. Evidemment, cela signifie que, comme on rend la circulation plus difficile au départ, il y aura en effet plus de bouchons et de problèmes. Mais ce sont ces mêmes problèmes qui vont amener des gens à abandonner leur voiture et se déplacer autrement.

    Pour le fait que cela touche tous les revenus, c'est vrai. on pourrait imaginer une déduction pour les foyers les moins aisés, mais que la politique soit positive (diminuer le cout des transports en commun ou augmenter le prix de l'essence), cela s'appliquera à tous. Et la voiture sera toujours plus chère que le transport en commun dans une ville.

    Par ailleurs, réduire le tarif sur les transports en commun rend plus difficile le financement des investissements indispensables (qui sont de l'ordre de plusieurs dizaines de milliards). Donc en augmentant le prix de l'essence et en rendant plus cher et plus compliqué le déplacement en voiture, non seulement on change les comportements, mais en plus on finance une partie du réaménagement de la ville.

    En gros, la seule solution pour faire abandonner la voiture aux gens c’est de procéder comme pour la cigarette : taper dans le porte-feuille. Et remplacer par autre chose.

 

  • Il est ainsi bien évident qu'une politique rendant plus difficile la circulation en voiture demande une politique de remplacement : vélib, autolib, voies pour les vélos, aires de stationnement de vélos, politique d’amélioration des transports publics, covoiturage. Paris mène de telles politiques de manière active.

    Et je voulais répondre en particulier à la critique faite aux transports publics parisiens. On a des transports de très grande qualité, mais il faut voir les chiffres de gens transportés. Ca se compte en millions par jour, en augmentation constante, et ce en particulier sur les périodes de pointe. Dans toutes les très grandes villes au monde, vous voyez les mêmes difficultés. Paris étant minuscule, celles-ci sont encore augmentées. Mais le Stiff, la région d’Ile de France et Paris investissent énormément, rénovent le réseau et l’améliorent constamment. J’en tiens pour preuve l’amélioration des bus, les nouveaux trams, le système des bus de nuits (qui est une vraie réussite, malgré la réticence de beaucoup de gens que je connais à l’utiliser) (par ailleurs, il semblerait que le métro et les bus normaux vont être amenés à circuler dans l’année qui vient, ou en tout cas dans un avenir proche...)

    Alors oui, c’est désagréable d’être emballé comme une sardine dans une rame de métro bondée, mais c’est aujourd’hui quelque chose qu’il est très difficile de résoudre dans de grandes et vieilles villes comme Paris.

    Pour les pannes et grèves, là aussi, je trouve que c’est exagéré. Quand vous regardez au plan statistique et pour la quantité de gens transportés, il me semble que le système de transport parisien s’en sort plutôt bien. Et par ailleurs, c’est pour pallier à cela que la ligne 1 est en train d’être automatisée.

 

  • Bref, tout ceci pour défendre une politique qui est finalement ambitieuse au niveau de la région parisienne et de l’Ile de France. Il y a certes des erreurs et des difficultés (les voies de bus aménagées sont en effet très discutées et les avis sont partagés), mais si les voies de Seine doivent être fermées, je soutiens cela. C’est un premier pas pour forcer les voitures hors du centre et amener les Parisiens à changer de mode de vie.

    A nous de faire le reste.
Publicité
Publicité
8 août 2011

LA SOLITUDE ET LA SOUFFRANCE

La solitude est cet état où je me retrouve seul face à moi-même, sans médiation, sans intermédiaire pour adoucir le dialogue, le regard que je porte sur moi. Sans possibilité d’aller chercher du secours en-dehors de soi.

La solitude, c’est ce moment où les lumières du monde s’éteignent, où peu à peu, le silence se fait en dehors, et, un peu comme dans un rêve, le tumulte intérieur se réveille. Soudain, le temps s’arque, bouillonne, et les secondes ne courent plus de la même manière. Le monde dehors, de l’autre côté de la fenêtre, a disparu, et n’en subsiste que la mémoire évasive qui m’habite. Ce monde me fait peur. Il ne me comprend pas. Et en même temps, il me manque. Sans lui je ne peux rien même si ses inconnus me terrifient.

Dans cet instant où le monde cesse d’exister, les lignes se brouillent, et je deviens un peu plus indéfini, un peu plus incertain que d’habitude. Instable, je vogue sur une terre devenue océan. Mes évidences ont disparu, la force que je ressentais n’est plus, balayée doucement mais sans possible résistance par une vague de tristesse. La nuit a pris le dessus, et le sommeil qui aurait du m’emporter a laissé la place à un combat du soi contre soi, une lutte entre mes rêves et ce regard intérieur qui me juge. Deux absolus qui ne sont pas vraiment moi, entre lesquels je me retrouve coincé dans leur affrontement de titans.

En cet instant, le simple fait de ne pas avoir sombré dans l’inconscience me condamne. Car je devrais dormir, je devrais me reposer, je devrais suivre les heures du sommeil. Demain, je sais déjà que je ne pourrai me réveiller à l’heure, que tout sera décalé et que je n’aurai ni la force ni l’envie de faire quoi que ce soit. Et ce simple fait, cette simple situation, me condamne. Sans remède.

Etrangement pourtant, tandis que je vois l’heure et les secondes défiler, rien en moi ne bouge. J’ai déjà passé le rubicon. Point de retour en arrière. La nuit est engagée et toute possibilité de sommeil normal est restée loin derrière moi, dans une autre version de la réalité. La version qui devrait être mais n’est pas. Alors je continue, au-delà de la fatigue, dans une course en avant, jusqu’à ce que le corps n’en puisse plus, jusqu’à ce que l’esprit cède et, après avoir tenu jusqu’à l’ultime seconde, s’endorme en me riant au nez, conscient de sa victoire.

Et bien qu’à n’importe quel moment je puisse mettre en pause cette réalité, constater ce qui est nécessaire, éteindre cet écran devant moi et plonger dans le sommeil, je ne le fais jamais. Toujours jusqu’à l’extrême, jusqu’à l’intolérable bout de la nuit. La porte fermée, les rideaux tirés, coupé du monde, et sans que personne ne s’en rende vraiment compte, souffrant chaque seconde, me punissant chaque instant.

En ces moments de nuit volée, tout est du domaine de ce qui ne devrait pas être. Ce que je fais, ce que je ressens, ce que je mange. Toute la définition de mon existence dans ces moments nocturnes passe par cette inadéquation entre ce que je suis et ce que je devrais être. Alors ne pas dormir est à la fois une punition et une condamnation, une injustice et la justice perverse d’une âme insensée. La souffrance profonde de mon être, de ceux que j’ai perdu et ce que je ne suis pas devenu se diffuse en moi, poison violent dont la seule disparition vient avec l’oubli, la cessation d’être.

Alors je ne dors pas. Assis, devant un écran, je supporte le temps. J’absorbe des images, des idées, je cherche, rien de défini, et j’erre au milieu d’un monde qui m’éloigne de tout ce qui est à la source de cette insomnie. La réalité de ma situation ne s’en va jamais néanmoins. Toujours derrière moi. Et de quelque côté que je me tourne de l’écran, elle est là. Autour de moi, en moi. Cette certitude que je ne suis pas ce que je devrais être. Qu’à force de me le dire, de me l’entendre dire, je ne veux même plus être autre chose. Et je reste les yeux fixé sur cet écran, ma souffrance toujours au coin de l’oeil, évidence de ma condamnation. Et dans cet enfer, c’est cette échappatoire lumineux qui me sauve, cette possibilité d’autre chose. Pas pour moi, car je ne peux réussir, mais pour d’autres, pour ceux qui font plus que rêver. pour les gens qui, de fait, valent quelque chose.

Alors résister finit par devenir un paradoxe. Et la seule manière de résister devient d’adhérer à cette course en avant, d’oublier, de tenter de cesser d’être. En éliminant la réalité, je tend à devenir ce que je vois, ce que je lis. Et comme une ligne de défense, se lance en moi cette machine d’activités qui se concentre sur l’écran de ma vie, fenêtre sur ce qui n’est pas et m’aide à ne pas avoir à supporter cet horrible décalage, cette impossibilité d’être, cette évidence de chaque seconde que je ne suis pas ce que je devrais être.

Car la vraie résistance est un paradoxe, un chemin impossible. Quelque chose de tellement dur que mon esprit et mon corps sont fatigués rien qu’à l’envisager. Tellement quelconque que nul désire ne me porte le matin et que je reste allongé, jusqu’à ce qu’il me devienne impossible de rester ainsi. Jusqu’à ce que mon esprit ne supporte plus cet échappatoire qu’est le sommeil et finisse par se résoudre à se lever.

La nuit, je ne pourrais mener ce combat qu’il me faudra faire un jour. La souffrance absolue de ma solitude m’envahit. Et seule une présence concrète, réelle, aimante, un corps près du mien et une âme qui me serre dans ses bras et me rassure parvient à me tirer hors de cette hébétude de la douleur, cette évidence de la mort et de l’inutilité d’être.

Il y a un trou en moi. Un trou infini, qui ouvre sur l’absolue souffrance. Celle de ce qui n’est pas, celle de la déconstruction de tout ce qui est et la perte de tout ce que j’aime. Chaque nuit solitaire, comme une malédiction, un chemin s’ouvre entre mon âme et ce monde parallèle. Et cet univers m’envahit. Me rappelle que je ne suis rien, ne serai jamais rien et que jamais je ne ferai quoi que ce soit.

Alors je fuis. Comme je peux. Car je ne suis pas de taille. Car mon esprit a rendu les armes, car, comme des freins coupés sur une voiture, autant que j’appuie sur ma volonté, rien ne fonctionne et je ne peux mettre fin à cette aberration d’absolue souffrance.

Cette souffrance est difficilement communicable, il semble. Comment exprimer simplement le mal-être de l’existence, ce sentiment d’inadéquation qui vient d’un jugement intérieur porté sur moi et qui me transforme en cercle vicieux incapable de travailler, d’oeuvrer à créer avec constance, et qui, par conséquent, me condamne ? Car ne rien faire, ne rien créer, c’est ne pas avoir de sens. Et si je n’ai pas de sens, je n’ai pas de raison d’être. Alors la seule voie est la cessation d’exister. La dérésolution du soi. La mort. Evidente.

Chaque nuit de solitude, enfermé dans ce monde parallèle qui est ma cour d’injustice, condamné à souffrir, je tourne en rond. Je cesse d’exister le temps de cette solitude, et meurt un peu plus. Et même si j’arrive à exprimer cela, rien ne peut me sauver. Rien, si ce n’est une présence aimante, réelle. Et par cette présence, je parviens à interrompre, un temps au moins, ce cycle qui me défait, et gagne une chance à transformer mon monde, à faire quelque chose.

Alors, me reste à affronter l’autre côté de ma souffrance nocturne : la fuite du jour, de la lumière, qui révèle tout et rend le monde triste à mes yeux, m’enlève toute envie de faire. Car face au monde, comment construire quelque chose de constant ? Comment surmonter son désir de s’amuser, de jouer et d’être un éternel enfant.

Voilà les questions auxquelles je cherche désespérément la réponse. A travers la souffrance, je me condamne, portant toujours le poids du passé. Conscient que jamais, à aucun prix, mon monde ne devrait être ainsi, et que je ne devrais pas être l’homme faible et soumis à cette souffrance intérieure que je suis.

Devrais-je me redéfinir en «Je me condamne donc je suis» ? Paradoxe qui par son implication fondamentale, signifie que tant que je me définis ainsi, je ne peux rien faire de ma vie, je ne peux me donner un sens. Et tant que je ne peux faire cela, je ne peux que continuer à me définir par cette souffrance et cette solitude absolues.

Comme dans toute situation, arrive un moment où l’être, seul, ne peut surmonter ses défis. Je crois que j’en suis là. Dois-je appeler à l’aide ?

29 janvier 2011

NEMO GASSAYA


Introduction : Ce texte a été écrit en mars 2003. Je le tape huit ans plus tard.  Il s’agit d’une oeuvre de fiction de jeunesse, avec tous les défauts que cela implique. Le texte est particulièrement révélateur d’une forme de projection personnelle (d’où certains éléments n égatifs). J’ai décidé de garder tout aspect qui peut sembler à postériori ridicule, caricatural ou négatif. Il ne s’agit en aucun cas d’un dossier à charge mais d’une oeuvre d’imagination.

 

dédié à mon ami N. A., que j’admire

 

NEMO GASSAYA

 

19 avril 2067

 

La Non-connaissance de la Médiocrité

 

Aujourd’hui, je voudrais parler dans cette critique littéraire d’un homme que nos contemporains ignorent dans leur quasi totalité. Qui se souvient en effet de ces quelques articles dans des journaux à faible tirage, de ces quelques récits si courts qu’on les oublie après les avoir lus, ou encore de ce livre qui a ruiné son auteur pour ne s’être vendu qu’à quelques dizaines d’exemplaires ? Personne.

 

Et pourtant, l’homme dont je parle, Nemo Gassaya, a un parcours plus qu’intéressant. Pas unique, mais assez étonnant pour attirer le regard. En apparence, sa vie se résume à un conformisme universel. Jeunesse révoltée (surréalisme, Dada,...) puis longues études. Chercheur modeste et reconnu dans son champs, mais inconnu au-dehors. Il est resté à ce poste toute sa vie. Il a eu des avancements, des reculs aussi. Une vie affective de désastreuse. Il a même vécu parmi les clochards à plusieurs reprises. Soupçonné de crime passionnel, acquitté pour absence d’évidences suffisantes. Mais tout ceci ne nous intéresse que de loin.

 

Et là n’est pas la raison pour laquelle j’ai acheté les archives de Noam Gassaya à ses héritiers.  En effet, il y a quelques mois seulement j’ai retrouvé dans le grenier poussiéreux de mon père un vieux bouquin dédié à des auteurs au-delà de l’étrange, signé du nom de celui dont je parle aujourd’hui. Il y était question de poulpes, de mort, de personnages fabuleux dont j’ai oublié le nom, de folie... Enfin, le lot habituel des écrivains maudits.

 

Mais une chose le distinguait de tous ces petits auteurs bizarres et inconnus qui sont l’objet de mes recherches. L’impression étrange d’une multitude d’existences transcendantes. Je cherchais alors dans les papiers de mon père (cet écrivain raté, tombé dans la folie dont je vous avais parlé dans ma chronique n°146 du mois dernier), et eut la chance de retrouver la trace des héritiers de Nemo Gassaya. Ce dernier avait été en effet un correspondant de mon père dans des temps lointains.

 

Quand je rencontrai ses héritiers, ils m’ont semblé haïr leur père avec une force que j’ai rarement vue. Heureusement, ses archives ont été préservées et me sont parvenues dans un état relativement bon.

 

Venons-en maintenant à ce qui me fascine tant chez cet écrivain, car je ne peux nier une attirance pour son incroyable puissance de folle médiocrité. Au sens le plus fort. Il a été déchiré au plus haut point entre la vie et l’écriture. Parmi ses notes (au nombre de 73 221), on retrouve des sucessions de bouts de récits plus incompréhensibles les uns que les autres, possédés par l’esprit de Lovecraft ou de Heachington, ces deux décadentistes. 

 

Des traces de folie ? Certes, mais rien qui se fasse remarquer de ce côté-là. Il n’est jamais pleinement tombé dedans. Des talents ? Parfois, cela est indéniable. Il fut un bon analyste littéraire de son vivant. Un parmi de nombreux spécialistes, chacun dans son petit domaine. Mais au final, la réponse est difficile, car après tout, il a été incapable de se détacher vraiment de sa vie. Au contraire, il semble s’y être enfoncé plus que n’importe qui. 

 

Aujourd’hui, alors qu’il est de bon ton de mépriser sa vie, tout ce que l’on peut vivre en dehors des activités productrices, peut-être pourrait-on prendre exemple sur cet homme qui n’a rien fait de grand, pour accepter et transcender sa propre médiocrité. Bien sûr, il ne deviendra jamais célèbre. Trop secret et expansif, trop expressif et fantasque. Mais quel extraordinaire voyage que de plonger dans les méandres de l’histoire de Nemo Gassaya, ses désespoirs et sa folle passion pour le mot écrit, trajectoires cassées mélangées, telles des encres perdues, à tout ce que sa plume a tracé.

 

Je promets de vous tenir au courant au fur et à mesure de mes travaux sur les archives de cet inconnu.

 

Le Doge de Jade.

 

19 avril 2091

 

De l’influence de Gassaya

 

Comme chaque année, à la même date, nous retrouvons l’inconnu Cathédralien qui nous est maintenant familier : Nemo Gassaya. Au fil des ans, mes recherches m’ont mené à travers le monde entier, dans les archives les plus incroyables, chez les plus illustres écrivains, hommes politiques, philosophes et scientifiques, comme chez les plus modestes inconnus, sans la moindre distinction de la part de notre sujet.

 

A ce jour, j’ai pu comptabiliser 11 933 correspondants, dans presque tous les pays du monde. ce qui constitue le record absolu en la matière. Ce réseau de relations, tissé dès le plus jeune âge, lui a permis de se retirer de son métier vers quarante-deux ans. Si l’on suit ses échanges épistolaires, on ne peut qu’être étonné du pied d’égalité sur lequel il parle à tous : présidents (au nombre de 64), secrétaires, ministres, philosophes (137 académiciens), boulangers, et j’en passe...

 

Cet homme avait clairement une personnalité hors du commun, comparable à celle d’un Hitler ou d’un Jésus. Toujours est-il qu’il a discuté du destin de centaines de millions, voire de milliards d’êtres humains. C’est lui  qui a poussé au déclenchement de la Grande Guerre de notre siècle, qui a couté la vie à la moitié de la population terrestre, comme nous le savons tous. C’est lui qui y a mis fin. Il a fait assassiner des milliers d’intellectuels, qu’il connaissait tous par leur nom et prénom, et dont il connaissait toute l’oeuvre. Mais c’est également lui qui  en a protégé cent fois plus, et qui a donné naissance à la Colonie de Skiopolis, pour les isoler et leur permettre de produire toutes les conceptions philosophiques globalistes, si nouvelles à l’époque, et à la base de l’actuel Etat Mondial.

 

Alors, que dire ? En apparence un malheureux écrivain raté, en réalité un des hommes les plus puissants de ce siècle. Possiblement le plus puissant. Ou est-ce l’inverse ? Qui peut affirmer s’il doit le haïr ou l’admirer aujourd’hui ? Moi-même, malgré ces années d’études, je ne sais.

 

Toujours est-il qu’il ne ressemble en rien à tous ces écrivains et hommes de l’ombre que j’ai pu vous présenter au fil des décennies de mon travail. Car Nemo Gassaya ne semble avoir considéré sa correspondance que comme secondaire. Il se voulait avant tout écrivain et homme littéraire. En ce sens, il a raté sa vie. Imaginez quelqu’un vivant dans l’ombre des Grands de ce monde, peut-être inconscient de son pouvoir, et à la recherche de la célébrité. Car quoi qu’il en dise dans ses textes, c’est ce désir qui l’a tiré du début à la fin. 

 

De même qu’il a tiré tous les autres «maudits» par-delà leur obsession pour l’écriture. Si j’ai appris une chose de toutes mes études, c’est bien celle-là. Ne faites jamais confiance aux apparences de la psychologie profonde. Ce sont des mensonges d’honnêteté. Ce qu’enseigne la nouvelle Homothéologie le démontre avec clarté. Nemo Gassaya, ce solitaire qui est le contraire d’un isolé, s’est retrouvé en face de ce qu’il considérait comme des échecs perpétuels.

 

Comme Hitler, mais contrairement à ce dernier, de manière inconsciente, il a fini par s’ouvrir sur un monde illusoire qui a existé par ses conseils. Heureusement, il a pu rétablir sa santé mentale avant qu’il ne soit trop tard. Cette période de sa vie est moins documentée et ouvre à plusieurs interprétations. Il semblerait néanmoins que c’est ce trajet intérieur que transcrit La légende du Poulpe Noir, ce monolithe sans fin.

 

J’invite tous mes lecteurs, tous ceux qui m’écrivent depuis un quart de siècle à propos de notre illustre inconnu, à lire la passionnante étude que lui a consacrée Hoki Tekura, fondateur de l’École de l’Oeuf Martial : La philosophie du Poulpe Combattant. Si la philosophie de la médiocrité intrinsèque de Nemo Gassaya vous intéresse plus, vous pouvez vous reporter sur la biographie écrite par notre bienheureux président, Big B. : Je suis la Médiocrité du Monde.

Le Doge de Jade

 


 

12/07/2241

Historien Officiel. Licence n°47 312

Sun Tzi, 74ème du Nom.

Grand Critique de Chine

 

  • Résultat des recherches dans la section Française des archives Européennes de la Bibliothèque Universelle de Beijing. Âge Nucléaire, période Américaine B.21 et B.23.
  • Sujet : Gassaya Nemo, écrivain et influentogogue. 1986-2053. France. Aspects littéraires et historiques. SN : AS 17 361 ZH)

 

Il est heureux que la millénaire et mille fois glorieuse Culture Chinoise ait eu l’intelligence de sauvegarder les archives complètes du premier Archéologue des Dénoms. Ce fut un homme intelligent, cultivé, mais trop passionné et sujet à ses sentiments. Sa célébrité fur nulle jusqu’à sa découverte par un fameux critique : le Doge de Jade (caste des Electrochocs, SN : BE 75 214 ZS).

 

On retrouve des traces de sa célébrité mondiale jusqu’à environ cent-cinquante ans après sa mort. Mais depuis les trois-quarts du dernier millénaire, la Bibliothèque Universelle de Beijing est la seule à avoir connaissance de ses travaux et de son existence. 

 

Ayant acquis une certaine idée de l’homme en question, je considère qu’il est de mon devoir de le faire connaître aux honorables membres du Gouvernement Impérial Démocratique de l’Empire Chinois. En procédant à une réorientation de 1ère Classe, pour laquelle je conseille Sa Soumission Derain Bylae le 18è, il serait possible d’utiliser Gassaya Nemo pour la Propagande Impérial, par méthode de Détournement de Folies. Il est en effet clair que dans un âge avancé, cet auteur a été atteint de Schizocolique Unilatérale d’ordre 2 ou 3.

 

Parmi les quelques 97 000 pages manuscrites que j’ai classées comme achevées, on trouve : 4 910 pages d’inspiration Lovecraftienne directe, 13 120 pages d’Horreur fantasque, 6 350 pages d’Absurdisme teinté de Dadaisme tardif, 890 pages d’analyse auto-retrospective, 8 430 pages de philosophie hétéroclite, 20 990 pages de romanesque conventionnelle, 7 450 pages de néo-spiritisme secondaire, 18 120 pages de Poulpisme aigu, 4250 pages de poésie de type 1B et 3A et C, ainsi que 12 490 pages de catégories résiduelles.


D’autre part, sa correspondance est la plus considérable découverte à ce jour et l’une des plus conséquentes à ma connaissance : 744 907 pages connues. Elle est d’une importance considérable pour la compréhension du XXIème siècle pré-chinois, tel que reconnu par l’ancien calendrier occidental.

 

Je recommande au Gouvernement Impérial d’imposer le secret pour cette partie de sa vie. Quant à sa production littéraire, les courants d’horreur, d’Absurdisme Dadaiste et de Poulpisme sont les seuls réutilisables. Son indépendance d’esprit nécessitera de nombreuses retouches, mais le résultat en vaudra la peine comme nouvel outil de conditionnement par la folie.

 



07/09/2241

 

Par ordre du Gouvenement Impérial Démocratique de l’Empire Chinois, il sera procédé à une Popularisation  d’orde littéraire partiel du ci-dessus nommé Gassaya Nemo, en vue de la Campagne Mondiale de Propagande n°831 412. Au bout de trois ans, il sera publiquement dénoncé et interdit. Ses archives seront brulées selon la procédure de remplacement habituelle. Cette tâche est confiée à Derain Bylae. Une somme de 4000 Unités d’Épices est débloquée.

 



07/09/2247

 

Affaire Gassaya Nemo classée : brûlée après utilisation. Une prime a été attribuée sur ordre du Secrétariat aux Affaires Culturelles du Gouvernement Impérial Démocratique à Derain Bylae et Sun Tzi 74ème du Nom.

 



19/03/3628

 

Ordre du Comité Révolutionnaire de Pekjing-Beijin :

La 8 732è recherche dans le passé sera dirigée par le Professeur 629 232 A41 FR. Elle aura pour mission de contacter Nemo Gassaya en vue d’en faire un portrait détaillé et de rapporter ses archives du passé. Après étude de ces archives, la 8 942è mission sera consacrée à un interrogatoire autoritaire non violent sous psychose 2A, avec quarantaine du patient. Le compte-rendu devra estimer la réutilisation et la réactualisation nécessaires et possibles de l’oeuvre et de la vie du patient.

 



01/07/3651

 

8 732è mission : Compte-rendu

 

Patient fasciné et fascinant. Réaction du type intellectualiste aigue 21, personnalité F2011. Intérêt Majeur. Archives acquises. Autorisation de Mission 8 942, conformément à la Directive du Comité Révolutionnaire correspondante.

 



01/07/3654

 

8 942è mission : Abandon

Raison : 

  • Suicide du Professeur 629 232 A41 FR.
  • Disparition non résolue du Patient.
  • Equipe de sauvetage abattue
  • Archives brûlées.

 

Il s’agit d’une perte majeure pour le Nouvel Empire.

 

Procédure d’enquête de Classe B-Prométhée déclenchée.

 



21/04/3658

 

UBIK

 

 

Fin du dossier

 



 dgrv

20/03/2003-

29/01/2011


 

29 octobre 2010

L'ultime Liberté

Suite à une agression violente, j'avais besoin d'exorciser ce qui continuait de tourner dans ma tête, voici donc un poème trop long et non retravaillé...

 

L'Ultime liberté


J'ai toujours voulu mourir au coin d'une rue, perdu au fond du trou

bourreau, victime, coupable

et seul auteur de tout méfait, de toute violence

commise, subie, aimée


j'ai ce rêve de silence, parfois, d'ultime liberté

de coup porté à la mâchoire, de vie, d'espoirs brisés

cette violence qui s'exaspère, verse mon sang

par litres

à la risée d'un monde qui m'ignore

et me brûle partant tandis que j'hurle à tort

qu'une rafale m'attend et meurt, en attendant

de rire un peu trop fort, au fond d'un trou saillant

de ma peau délicate, mon teint ampoulé se fissure, éclate, et livre son corps et son sang

les os liquéfiés je glisse, glacé, éboulis d'hématomes pensées

cette affreuse violence m'angoisse et me pousse à crier


je crie

je m'écroule

et je ris

puis je crie

et je hurle jusqu'à vouloir mourir

au coin d'une rue

je perd mon sang

tandis qu'une main molle se tend

l'esprit divague, vrille, et je ne sais plus rien

je ne sais plus savoir

je

n'est plus

tout se dissout

je ne respire plus

arqué

brisé

ultime instant de ce cri intérieur

et le corps a lâché

silence absolue

PEUR

 

 

26 octobre 2010

Dedans/dehors

Malgré ses maladresses, j'espère que vous verrez au-delà...


	D
	E
	DEHORS
	A
	N
	S

Pour M.
 
J'ai pris mes peurs et j'ai couru jusqu'au bout de l'abîme
j'ai sauté, volé comme un enfant, 
le vent
m'a pris dans ses bras, m'a léché le visage, d'amour 
et là
parmi vous
j'ai rêvé d'une vie sans absences, de cœur et de fer
d'intense sommeil et de travail sur soi
de voir à l'horizon et d'être près de toi

J'ai cessé de mettre des rimes à mes portes
un jour
quand la peur du néant s'en est, tranquille, allée

et je ne nierai pas
la mort
cet infini, m'effraie et me console
on m'attend, chaque nuit, mais non plus chaque instant
du côté de mes morts, ceux qui squattent mon cœur
Et si je n'oublie pas, je ne suis oublié

la seule façon de savoir que j'existe
sous les soirs froids d'hiver, par le ciel enfourné
c'est frapper quelques coups au portail des belles gens
de ceux dont j'ai l'espoir de voir fleurir le cœur
et d'embaumer le monde dont ils sont
dont je suis.

Trop souvent, dehors, emmitouflé
je suis resté à la fenêtre,
étrangement heureux de souffrir à regarder dedans, 
réunis et bavards, ces gens que j'aime tendre,
infinis de grâce marchant sur ma Terre
amis, aimés, aimants

Dehors, il y avait, cette tristesse douce
qui me faisait souffrir et me rendait spécial
qui me faisait pleurer dans un vide glacial

et j'ai vécu dehors
jusqu'au jour, où j'osai frapper un peu plus fort
le bonheur n'étant pas aveuglant, 
on m'ouvrit
et j'appris à rentrer, laissant le froid, l'infini de mes peurs, 
quelque part, 
enterrés sous un amas de neige
triste et seuls avec soi
je repris les battements de mon cœur.


La mort
cet infini, si proche, me fascine
et parfois je la vois, au dehors, qui m'attend
pourtant
le cœur des voix m'enchante
merveille
et j'oublie d'avoir peur

...

Au milieu des sourires musiques de douceur
et, sans condition, des paroles données
j'entends silencieuse presque, parfois
une âme à la porte frappant sans y croire
et je crois
je crois en toi.
Publicité
Publicité
23 septembre 2010

(R)ÉVOLUTIONS

 

Voici bien longtemps que je n'ai plus écrit ici. Et pour cause. L'écriture m'est une souffrance, une exigence, un effort immense. Et, allergique à l'effort que je suis, j'ai donc pratiquement cessé d'écrire récemment.


Toute ma vie est en train de basculer lentement dans un monde nouveau. Elle a connu des révolutions hors de toutes proportions précédentes dans leur réalité concrète pour moi. Autrement dit, si dans la décennie précédente (1998-2009), les (r)évolutions de ma vie étaient intérieures, un long chemin de croix, remise en question permanente, changement lent et irréversible de ma vision du monde, désormais, je viens de m'engager dans ce qui s'annonce comme une nouvelle décennie, cette fois caractérisée par des changements directement visibles, s'affichant et transformant en profondeur, mais aussi en surface, ma vie, ses horaires, les objets qui m'entourent.

Une petite liste pour faire démonstration :

- depuis un an, je vis sur iphone, connecté en permanence. La seule manière d'échapper à la réalité et à mes obligations est de nier. Situation morale qui se révèle vite intenable. J'ai créé une écologie d'existence sur ce support, qui me relie à la réalité (calendrier centralisé, podcasts, emails, liste des choses à faire)

- Depuis un an et demi maintenant, je travaille tout le temps, ne fuyant plus un boulot au bout de deux mois. Plus le temps passe, plus ce que je fais me plaît et est proche de ce que je rêve.

- depuis trois ans, je ne me déplace plus qu'à vélo et tiens mes engagements dans le domaine, ne cédant pas à la facilité. Je commence à maîtriser le domaine.

- Réinvention complète de mon espace de vie et de mes outils de travail. Ce travail de transformation vise, à terme, à créer des conditions créant un confort de travail, donc le moins de frottement possibles entre moi et le travail

- Bien qu'éphémères, j'ai su mener à bien, ou au moins porter un temps, des projets personnels : Dream on, un court-métrage qui est presque fini. Je continue de chercher une démarche de psychothérapie adaptée. Malgré mon désir de fuite, je m'accroche.


Cette année nouvelle s'annonce comme la plus riche de mon histoire depuis Louis-le-Grand si je continue dans la voie annoncée et engagée. Grâce à ma réflexion depuis plus d'un an, je commence à me situer par rapport à ce monde, définissant les positions que j'appuie par des engagements réels.

- apprendre le japonais

- être bénévole à la Goutte d'Or comme écrivain public et enseignant de français.

- être bénévole au planning familial. Et je semble être le premier homme bénévole à Paris, donc m'accrocher.

- continuer de travailler pour ma boîte de prod. (difficultés en ce moment, mais à surmonter. Problème de contraintes temporelles)

- faire le nécessaire à l'anpe, faire une formation technique de cinéma et trouver une nouvelle boîte de prod.


Mes buts cette année :

S'il faut en retenir un : CRÉER DES RYTHMES ET HABITUDES DE TRAVAIL. En bref, apprendre à surmonter ma peur de l'effort et me mettre au travail, parvenir à me créer des régularités dans ma vie. Des actions qui ne reposent pas sur un élan temporaire, mais sur un effort continu, à petite dose. C'est la révolution absolue que je vise, un retournement de tout mon système d'existence.

- continuer de développer des projets perso (pour l'instant en pause, à part le 48hours project en octobre)

- assurer mon indépendance financière et vivre à part.


Mes buts futurs :

- faire et maîtriser un sport de combat.

- finir d'apprendre l'allemand.

- courir un marathon et pouvoir faire des randonnées en courant.

- fonder une entreprise et la mener à bon port.

- parvenir à construire une relation amoureuse stable et m'engager.

- trouver et faire le(s) boulot(s) de mes rêves.


Jamais de toute ma vie je n'ai été aussi fort intérieurement, aussi stable, aussi calme, fondamentalement. La confiance que je ressens n'est plus cette confiance aveugle en mes super-pouvoirs contrebalancée l'instant d'après par un désespoir sans fond, mais une certitude forgée par ce que je vois quand je regarde le chemin parcouru depuis aussi loin que je me souvienne. Remontant jusqu'à la maternelle, et à des souvenirs traumatiques d'un univers où tout m'échappe et où j'ai identifié la plupart des êtres humains à des êtres avec lesquels l'interaction est au bord négatif de l'absurde impossible. Essayant de donner sens à un monde que je ne comprenais pas, réfugié dans ma forteresse de solitude, préférant un univers intérieur où la maîtrise absolue était ma règle, mon refuge, à un monde extérieur dont les règles d'interaction et d'interprétation continuent de me donner des maux de crâne et des heures de questionnement indécis, aboutissant à des actions sanctionnées par les réactions des autres, un sentiment de malaise et d'échec permanent.


C'est de là que je me bats pour m'extirper. Sans la violence que j'ai pu exprimer, mais avec une douleur insondable et permanente, dont la conscience n'efface pas l'effet, seconde après seconde. Moins de violence dans mes relations de coeur aussi, où le désir absolutiste d'amour est remplacé par une maturité plus grande permettant de mettre à distance et supporter le manque. Manque d'amour, d'affection, de chaleur humaine et de présence. Et si j'ai conscience d'avoir laissé filer la femme de ma vie, et quelle que soit contradictoire ma conduite vu de l'extérieur, mon coeur reste fidèle et inébranlable. Pour la première fois, je sais ce que je veux.

Et, sachant ce que je veux, je cherche les moyens concrets de réaliser cela. C'est en cela que mon seul et unique but de cette année, indépendamment de n'importe quoi d'autre, qui est secondaire, est de créer enfin cette habitude qui permet l'addiction au travail, en tout cas de donner à l'effort régulier une place réelle dans ma vie.


Ceci dit, je revendique toujours avec la même force les contradictions comme une des définitions centrales de la nature humaine, de ma nature.

Nous verrons à la fin de l'été prochain le chemin fait et les engagements tenus ou pas. Et j'aurai cette page pour me référer à ma vision actuelle.


Il est temps de me battre pour le monde dans lequel je veux vivre et la place que je veux y tenir.


See you in the real life.

 

23 juin 2010

Dreams of Far Away

La poésie est ce qu'il reste quand les larmes sont sèches. Ce qui suit n'est pas un profond travail d'écriture, juste une manière d'exprimer l'inextinguible douleur...


JE RÊVE


Chaque jour, à l'ouvre-oeil

je rêve un monde entier

de sa naissance à sa finalité


chaque bouquin, de page en page

je rêve à cet ailleurs

qu'en mon antre mon sein je pleure


et toi, mon Amour

tu es mon rêve quotidien

même si le silence souvent me retient

même si j'oublie de crier, de prier, de te dire

simplement


ce que je ressens reste coulé au fond de moi

envolée la rime poétique, le chant de l'intérieur

et vieillis ces rêves parfaits, autiste, je suis, je meurs

et trop et pourquoi pas, impossibles rêves d'ailleurs


je rêve ce monde intérieur

et le sens qui n'est

nulle part

d'où l'art


que je lis


d'où ces mondes rêvés qui me font voyager,

de toute conscience à l'orée


Je me rêve le Dieu fondé fou

celui qui peut tout et veut

ce qu'il doit

ce qu'il faut

ce qu'un Homme ferait

celui qu'il n'est pas


________________________________________________________

 

 


ÉPAVE HORIZON



Je suis l'enchaîné

l'Homme qu'est déphasé

celui dont l'esprit, éternel aux côtes de l'Enfer abîmé

pourrit à l'orée des Mers Liberté

Je suis l'épave d'une vie,

seul et seul à l'abandon, carcasse vide

de coeur, d'âme et d'être

Je suis l'enchaîné


Au fil des marées, des jours et des reflux

on oublie ce qu'on veut, on se laisse porter

je me laisse porter par de fausses idoles, désirs sous-titrés

pour nos coeurs malvoyants, désirs qui nous font

qui me font

enchaîné


Au fil des marées, aussi, le regard se perd au loin, dans la folie de cette Mer déchainée, immense Vie, origine et fin, tentant de tendre mes planches pourries vers le salut d'un naufrage éternel, tout au fond, tout là-bas, noyé de vie, de flots à jamais en mouvements, jusqu'à la fin du monde, de notre monde.

Je suis l'enchaîné


Faire partie de quelque chose

noyer, l'espace d'un flot de Lumière, cette solitude

cette pierre dans mon coeur

cette imperfection insoutenable



Et parfois, tout est clair et simple

et je suis ce navire qui pourrit entre deux

toujours tendu vers l'infini

d'Amour.


mais

 

Je suis ma Destinée

L'Enchaîné

ce que le coeur me dicte et Peur me fixe

Dieu de l'Enfer ivre en pleine rixe de sentiments

immobile épave d'un corps né vivant

Je suis l'enchaîné d'atroces douleurs

fantômes d'un passé bulldozer

effaçant le poing serré d'avenir


Reste le pire

la douleur

les pleurs

et l'espoir du combat à mener.

10 mai 2010

Hope and Glory

J'ai un tournage mercredi. Je tourne un court-métrage pour moi. Pour la première fois, au lieu d'espoirs vagues, je me dis que je peux faire quelque chose de concret qui donne un bon résultat, même si le tournage ne sera pas de tout repos... Je suis heureux. Je vais pouvoir finir de monter enfin ce premier court que je n'avais jamais achevé, et que je dois bien aux acteurs et à ceux qui y ont participé et m'ont donné plusieurs nuits.

C'est dingue à quel point d'arriver à faire, à agir, change tout. Je suis enfin passé dans le monde réel, celui où j'ai un avenir, où je vais enfin pouvoir construire une vie bien à moi. Et le projet de vie que je porte en moi, qui m'habite avec force depuis toujours, va pouvoir enfin mûrir et s'épanouir, s'incarner dans quelque chose de visible pour les autres.

Et oui, c'est fatiguant, et oui, je vais avoir beaucoup moins de temps libre qu'avant. Surtout que j'essaie de mener de front mon travail à la boite de prod et des projets personnels qui ne me rapporteront rien si ce n'est l'expérience. Je n'ai ainsi pas été au cinéma depuis environ deux semaines, ce qui est horrible, mais bon. Je préfère les choses ainsi à continuer ma consommation boulimique de cinéma. Consommation qui devrait par ailleurs enfin me servir à quelque chose.

Ce qui m'arrive est, de fait, une mutation complète de mon système, de mon modèle économique. Lorsque le vidéoclub fermera, je serai tout seul, je n'aurai plus de plan de secours. J'aurai un loyer à payer, ma nourriture à acheter, toutes les traites mensuelles qu'exige la vie technologique en société. Un autre modèle de vie, où assurer mon indépendance doit s'équilibrer avec poursuivre mes ambitions.

Signing out to a new life that requires daily fight.

dgrv

 

18 mars 2010

Going out the window...

C'est étrange comme le monde peut vous affecter parfois... Voici un poème pour une amie qui a perdu un cousin et ami proche.

Il est brut, peu retravaillé, et j'ai décidé de le laisser tel qu'il était après moins de deux heures de travail. J'avais dit ce que j'avais à dire, et ce n'était pas une recherche d'art, simplement une forme d'expression d'un espoir de vie.

 

 

AURÉLIE


Quand cet ami te quitte

mon amie

c'est tout un monde qui s'en va

Une singularité soudain en vadrouille

qui a perdu son sens, ses rêves, a laissé tomber l'ici

et simplement, a pris ses jambes à son cou

sans vraiment de pourquoi, ni même quoi que ce soit


Mon amie,

tout se dissout, s'évapore, ne reste que ce vague parfum d'un être

et de la couronne d'objets et de pensées, de liens et d'espérances perdues

brisées, par ces choses de la vie

mots

ces choses qu'on ne dit pas, qu'on garde pour soi, qu'on souffre au plus profond

si profond

si loin de tout, bruissement qui nous touche invisible

et cette virulente douleur, pourtant, est le sida du coeur

l'âme se flétrit, croit mourir, Icare, plus proche du soleil

de celui qui, parti, lumière et présence éternelle

nous veille

du côté qui est, sans plus se battre, calme, immobile


Aurélie,

l'ailleurs, étrange, d'un monde qui s'ignore désormais

flotte autour de toi, chaque jour de ta vie

jusqu'à ce que mort s'en suive, au long cours d'un chemin

où j'espère te croiser nombre fois, et nombre encore, et nombre jusqu'à vieillir d'avoir vécu

intensément


deuil d'aimé, aujourd'hui, du printemps à l'hiver

c'est le temps, c'est le temps et lui seul

linceul de nos errantes souffrances, qu'intransigeants nous sommes

et se battre, laissés à nous-mêmes, cette brisure, névé d'écorce en écorce d'une Terre soudain vide

je las

sans t'aider

souffle étrange dans les bras, le cou

reprendre cet insoluble goût

à la vie

post trauma, post mortem


Aurélie

cet instant

son coeur a fini de danser, léger

le tien a sursauté, tremblement de foi, hurlement prolongé

et quelque chose ne sera plus jamais comme avant

c'est con, ça fait mal, c'est comme ça


t'as une envie de défoncer le mur à coup de tête et de n'importe quoi

(il sera de l'autre côté, certitude de condamnée)

mais le mur, il s'en fout, et l'autre côté n'est qu'un vide de plus


Aurélie

le vide n'appelle pas le vide

le vide appelle le plein

crée

danse

hurle

joue

écris

pleure


tant que tu vis, je serai là

et le reste du monde

et même cet ami

qui n'est plus

sera toujours dans l'air du temps

de ton temps

chaque année

chaque mois

chaque semaine de ta vie

le plus petit jour de n'importe quelle semaine

l'heure la plus insignifiante pour qui que ce soit

d'autre que toi

chaque minute

chaque seconde

et chaque fraction de fraction de seconde

il sera là

Porté en toi, parce que tu te bats, jusqu'à n'en plus pouvoir, jusqu'à tomber sur le sol

et respirer âprement cet air qui t'épuise

à force de ne jamais lâcher ce désir de vie, si intense, si voilé d'incertitudes


Tout passe

Le lien

réel

est


L'horizon, au loin, commence à se réchauffer doucement, les nuages semblent moins épais.

Au réveil, c'est un bout de soleil qui ouvre la danse. Fermer les yeux, et sentir passer sur ses paupières, ses joues, lentement descendre sur les épaules, les mains cette chaleur qui rend la peau plus sèche et semble envahir le corps entier ... Se rappeler l'intensité chaotique de la nature, les craquements d'un bois l'été, l'odeur de sapin et des mille fleurs d'une prairie, entrevoir un cerf qui s'enfuit au loin...


Aurélie

à jamais espérer

ne jamais baisser les bras

à jamais aimer

toujours, tant qu'un souffle de vie

être là, réelle, le coeur qui bat la chamade, la Merveille

cet arcensoir dont tu as ouvert les portes

guide nos pas

 

9 mars 2010

Rebecca

 

Mon nom est Rebecca

j’ai l’insomnie facile

elle se glisse chaque soir

au creux de mon duvet


lisse qu’exorcise les rêves, les fous

jour-le-jour, fatiguée, je me traîne

répétitive conscience pendue au plafond

mille pièces éparpillées aux cent coins de mon

appartement


D’un bout de mon lit

à l’autre de l’esprit j’erre

cage fermée, trappe à démon, je catch

je frappe le mur, le coussin

l’autre en face, le vide

jusqu’au matin petit

celui qui ne veut pas

lâcher l’affaire en cours et rêve sans fin

tandis que moi, j’ai cette faim de loup

de sommeil


Au fin fond de la nuit

Faut-il prier ?


Que ne sais-je m’accroche

prend tablettes et pilules

toujours plus proche du matin

j’attend la fin…


 

9 mars 2010

Le Pont


De monts en merveilles

et de mythes en façade

tout se déchet

tout se dégrade

chaque homme perd le Nord et son Là

l’âme se vide, se fade, se vautre


On n’en finit pas de finir

Terre de l’incessant trépas


Un jour la vie commence

pourtant

et le cœur a vécu cent fois trop

mais qu’importe !

on se lance, avec toute la fougue des ans passés

Celle qu’on a accumulée au fil des déconvenues, des sourdes tristesses entretenues savamment


Au bord d’un gouffre illusion

seul

Lorsque le choix n’est plus

Faire la preuve de sa valeur ou pourrir

Avec la lenteur de la vieillesse qui approche, son suintement disgracieux

L’esprit alerte, se battre

Jusqu’au dernier neurone

Après avoir usé ses larmes, ses rêves et l’espoir qui restait

Se battre, toujours

Sans raison, par amour et passion, malgré tout, malgré soi

Parce qu’on a perdu trop, qu’on ne veut plus rien perdre

Qu’on a trop oublié la simple vérité

L’évidence d’une vie, de sa vie

Qui est


Egaré des méandres labyrinthe d’un esprit tortueux

ENFIN LIBRE !


9 mars 2010

Petite cuisine de la vie

Au bord du gouffre, je morfle. Ma vie est une gauffre, je la bouffe en passant.
6 mars 2010

VOYAGE(S)

photo_4_            

Entreprendre un voyage comme celui dans lequel je me suis lancé mercredi dernier est un de ces actes de défi qu’on a besoin de lancer face au vide froid du monde. Pour trouver un sens. Pour se battre. Pour lutter contre tout ce qu’on perd.

 Alors que j’avais décidé d’aller au Luxembourg, voir une amie, sur un coup de tête, parce que j’avais besoin de faire un acte qui fasse sens et change mon quotidien, je me suis réveillé en pleine nuit et ai décidé que j’allais essayer de faire les 350 km du chemin à vélo.

 Première étape : réparer mon vélo. Réveil à 9h, descente en bas dans la cour, décarcassage, nettoyage… Comme tout était sur un coup de tête, je n’ai pu partir qu’à 16h. Longue préparation donc. Cette non préparation apparente et ces coup de tête ne sont pas de l’écervellement imprévoyant. C’est important de le comprendre. Ma pratique étendue de la randonnée, en solitaire, m’a permis d’apprendre à improviser. Et puis c’était mon coup d’essai. Rouler longtemps, rouler la nuit, avec un vélo de ville de base et de merde. Au départ, je croyais pouvoir y arriver. J’en fus très loin au final, et jamais je n’aurais pu parvenir à destination par ce moyen uniquement. Mais toutes les déconvenues que je vais vous narrer ci-après sont ce qui a donné sens à ce voyage.

 Les trois premières heures furent lentes. S’extirper de la masse dense de la banlieue parisienne, des banlieusards qui quittent tous Paris vers la même heure. Se faufiler entre les voitures, se coller au trottoir, passer carrément dessus le temps de dépasser les bouchons, surveiller mon rétrivuseur… Tout ceci est la mécanique bien huilée d’un vélocipédiste parisien, à laquelle s’ajoute la vitesse de grandes voies de circulation. Une vitesse déjà ridicule de l’ordre du 13 km/h…

Parlons vitesse un instant. Mon vélo est lent, usé, n’a que trois vitesses fonctionnelles, tout est rafistolé. C’est un vélo de ville. En conditions idéales, j’y fais du 20km/h en plat, du 30km/h en bonne descente et du 15km/h en montée. A peu près.

Après deux heures lentes, je parviens enfin à accélérer tandis que la lumière baisse, sortant peu à peu des masses urbaines qui font Paris. J’ai commencé à rouler avec deux couches, et peu à peu, je mets de premiers gants, je rajoute mon protège-cou, puis je mets mon bonnet, par-dessus lequel je rajoute mon capuchon, puis je met ma polaire, et change mes gants pour de vrais gants en cuir rembourrés à l’intérieur. La dernière étape, que je fais vers 1h du matin consiste à mettre mon surpantalon. Trois couches sur les jambes, quatre sur le haut du corps. Je n’ai froid qu’aux pieds.

 La gestion de la température est tout un art. Tandis que mes pieds gèlent, j’ai chaud ailleurs, parfois même trop. Ce management de température consiste à baisser et remonter mon protège-cou, à la manière des chiens qui laissent pendre leur langue. De cette manière, je parviens à rester dans des conditions optimales face au vent fou. Ce résultat qui peut sembler évident, est le fruit d’une optimisation de 15 ans de randonnée et de deux ou trois ans de vélo quotidien. A manque de préparation apparente, répond donc mon expérience, qui me garantit que rien de grave ne m’arrivera.

Mais revenons au concret du voyage. Il est déjà 19h30 passé, je roule enfin très bien depuis un bout de temps. Le soleil disparaît, je viens à peine d’allumer mes mini phares avant et arrière lorsque soudain, après seulement cinquante kilomètres, mon pneu arrière crève.

Ce qu’il faut savoir, c’est que c’est ma première crevaison depuis les milliers de kilomètres que j’ai roulés. Je n’ai rien pour réparer. Absolument rien.

Je fais appel à mon iphone, qui me sert de gps lors de ce voyage. Il est resté autant que possible au chaud dans ma poche, déconnecté du réseau pour préserver sa batterie. Et, qui plus est, j’ai trois batteries de secours. Il s’avèrera au final, que je n’aurai même pas besoin des batteries de secours. La boutique de vélo vient de fermer une heure plus tôt. Je suis près d’un village de rien du tout, au milieu de nulle part, mais, première coincidence étonnante, à quelques minutes d’une gare.

Très vite, je me rend compte que je n’ai aucune solution et décide de rentrer. J’ai déjà pris mon ticket, lorsqu’un train débarque, et en sort une famille, jeunes parents et une petite fille de six ans à peine, toute mignonne.

Par hasard, parce que j’ai appris qu’il faut toujours essayer, et que bien que cela m’est à chaque fois très difficile et me demande un effort si démesuré que, souvent, de peur du regard imaginaire des autres, je n’ose pas, bref, pour toutes ces raisons, je leur demande s’ils n’ont pas une idée de solution. Et il se trouve qu’ils en ont une et que je vais passer les deux heures qui suivent en leur compagnie.

Les parents sont jeunes. Moins de la trentaine. Super sympas et gentils. Ils hallucinent quand je leur dis que je vais au Luxembourg et à partir de ce moment, l’hilarité aura du mal à les quitter. Lui a une moto cross, il me pose donc une rustine là où ma chambre à air a crevé. C’est la première fois de ma vie que je vois des rustines. Il me donne ce qu’il en reste. Autre signe de gentillesse.

photo_2_

J’essaye le vélo, il a l’air de marcher. Alors que je m’étais résigné à abandonner, je regagne un peu de courage. L’essentiel de ce voyage sera d’ailleurs un affrontement entre désespoir et courage, fatigue et force de volonté…

photo_3_

Je rebranche mon iphone pour le recharger, accepte leur invitation à manger avec gratitude. Mon dernier repas date de midi. Le problème du repas chaud avant la nuit que je repoussais se résout ainsi naturellement. Je parle avec la petite fille, qui n’a pas été sage, s’est mangé une claque et est maintenant toute tranquille. Une discussion philosophique plus tard, nous mangeons. Ca fait du bien.

Il est 22h passé lorsque je m’apprête à repartir. J’ai passé un très bon moment. On prend quelques photos bien décalées, qui seront probablement dans le coin. La nuit noire s’est installée. Je me dis que ça me met en retard, mais que ça me sauve du temps de voyage de nuit, donc économise les piles de mes lampes.

Je repars. Seulement, rien ne va se passer comme prévu. Alors que ma vitesse de croisière était enfin devenue intéressante, le vent se lève. Un vent de face direct, qui atteint les 50 à 60 km/h. J’estimerai plus tard que cela me fait perdre 1/3 de ma vitesse potentielle. Et tant qu’on en est aux pertes de vitesse, je perd probablement environ 5km/h par rapport à un vrai bon vélo, que ce voyage me décidera à acheter. Ce vent de face est l’un de mes grands ennemis de cette longue nuit qui s’annonce.

Contre le vent de face, toutes mes prévisions s’effondrent. J’espère faire mon voyage en 20/24h, mais ma vitesse de croisière est ridicule ! Très vite, je baisse à 12/13km/h de moyenne, descendant à 9km/h dans les montées, ne dépassant pas les 21km/h en descente. Tous ces chiffres parlent d’une chose : le combat physique et mental qui s’engage. Je ne suis pas réellement entraîné ni préparé à un effort physique aussi continu et prolongé. Mon trajet quotidien est limité, et le vélo de ville offre nombre d’occasions de se reposer aux feux rouges. Les montées et descentes sont également limitées.

Un autre ennemi que je vais affronter et qui va beaucoup me faire souffrir, c’est le froid. Dès que je m’arrête, le froid semble transpercer mes vêtements, je me refroidis. Je découvre rapidement que mon rythme diffère de celui que j’ai naturellement dans mes randonnées pédestres : Je fais une pause toutes les 2h au lieu de toutes les heures, avec, à partir d’une heure du matin, une pause toutes les demi-heures pour boire, voire manger. Ces pauses sont autant des répits mentaux nécessaires qu’une souffrance physique intense.

Au fil du temps, la fatigue gagne. Les voitures disparaissent. A partir d’une heure du matin, je ne croise plus une seule voiture, roulant lentement de croisement en croisement et de village en village, protégé par une lune quasi pleine magnifique, d’un jaune-orangé doux et puissant à la fois. Voilée par un défilement de nuages plus ou moins légers, elle projette mon ombre dans le noir complet dans lequel je voyage. Vers 23h, mon feux arrière a en effet laché. Les piles fonctionnent, mais quelque chose semble avoir sauté. Mon petit feu avant, qui était cassé et que j’avais accroché avec des élastiques et du fil de fer, je l’éteins. Ne me reste plus que ma lampe frontale, puissante. Mais, à partir de minuit, elle commence à défaillir. Ne me reste plus qu’un set de pile. Je finis par tout éteindre et voyager dans le noir. La lumière de la lune est providentielle.

Depuis que je roule en vélo, je n’ai jamais eu de chance avec mes lumières… Une histoire de chance, je suppose. Dans tous les cas, ce voyage devient de plus éprouvant. Je commence à parvenir au bout de mes facilités. Chaque mouvement de pédale devient un effort de l’esprit autant que des muscles. Je dois me convaincre continuellement de continuer, côte après côte, descente après descente. Les premières sont longues, sans fin, les secondes passent trop vite et demandent un effort étonnant pour ce qui devrait être d’une facilité déconcertante. C’est donc, à partir d’une heure du matin, une longue nuit sans fin qui commence. D’un côté, je me rend compte que jamais je n’arriverai au Luxembourg. De l’autre, je n’ose pas encore envisage une solution et continue de rouler sur un chemin qui n’a plus vraiment de sens. Les paysages lunaires s’enchaînent, je traverse de petits villages silencieux, quelques très rares fenêtres allumées, sur de petites départemantales, dont je chasse la ligne centrale. Ligne continue, ligne plus ou moins effacée, m’éloignant des rebords invisibles et des dangers connus et inconnus qu’ils portent.

La Lune est mon alliée. Je me suis placé exprès dans une situation d’où je ne peux me sortir qu’en continuant d’aller de l’avant. Je n’ai nulle part où aller. Impossible de revenir en arrière. La nuit est au plus profond de son orbite. Pas de secours. Pas d’endroit où se cacher du froid. La seule manière de lutter contre le froid est d’avancer. C’est aussi la seule solution contre le désespoir. Solution que j’oublie trop souvent dans la vraie vie, celle où je n’ai pas cette absence de choix.

Car mon voyage est au final un voyage vers ce but, vers ce sens, qui, en ce moment, à chaque coup de pédale de ces heures profondes, est absent.

Et j’avance, je me bats, contre le vent, face au noir, face à la solitude, habité littéralement depuis mon départ par cette chanson sur Julie, mon amie morte, qui tourne encore et encore dans ma tête. La seule manière d’échapper à cette litanie qui me vrille le crâne et me plonge dans des souvenirs qui m’atteignent profondément est de hurler. Alors, au milieu des champs, je me mets soudain à hurler à la Lune, à hurler des insultes à ce monde qui me déchire l’âme et le cœur, j’hurle ma douleur, ma violence contenue.

Et ça fait du bien. Ca libère.

Peu à peu, durant ces profondes heures nocturnes, quelque chose se relève en moi contre le désespoir. Je me mets à réciter ce voyage, à raconter ce qui m’arrive comme je vous l’écris ici. Pour donner sens. Pour partager avec moi-même ce moment que je vis, cette épreuve que je traverse.

Vers 3h du matin et des poussières, je commence à relever la tête et à envisager un nouveau but : Désormais, je décide de me diriger vers Chalons en Champagne, qui est à 65 km de distance. J’ai déjà 110km derrière moi. Un sacré chemin pour moi. Plus que je n’en ai jamais fait ! C’est donc un but raisonnable. 13km/h pour prendre le seul train qui me permettrait d’arriver tôt au Luxembourg.

Mais deux heures plus tard, je me rend compte à nouveau que jamais je ne parviendrai à atteindre ce nouveau but, bien plus proche. Le désespoir me gagne à nouveau. Sans compter la fatigue qui s’ajoute à mes autres ennemis. Je commence à fermer les yeux comme on le fait au volant, mon vélo se déporte jusqu’aux bords, où, secoué, je reviens à moi, rouvre les yeux contre tout désir de confort, et continue, jusqu’au prochain coup de fatigue, quelques mètres plus loin.

A nouveau, je me retrouve au cœur de la nuit, désespéré, solitaire. Quand soudain, je relève la tête et vois les étoiles, ébloui… La Lune me protège. Une calme certitude me gagne peu à peu. Je continue de lutter à chaque coup de pédale, mais désormais, c’est une calme détermination qui m’habite. Le soleil se lève à 7h27. Je compte les minutes qui défilent. A un croisement de chemin, j’ai décidé de changer encore de chemin et d’aller vers Reims, quelle que soit l’évidence que je n’arriverai jamais à temps. Malgré tout je me bats, je continue, je profite.

C’est alors que je crève pour la deuxième fois. En plein milieu d’une route toute droite, bordée par une lignée droite d’arbres, balayée par un vent violent. Et, après quelques minutes à espérer pouvoir continuer à rouler, je me rends à l’évidence et m’installe sur le bord de route pour essayer de coller une rustine sur ma chambre à air qui, comme je l’ai découvert chez la famille qui m’a accueilli, semble trop grande pour ma roue. Je vais passer deux heures, littéralement congelé, sous le vent, à tenter de coller ces foutues rustines sur ma chambre à air ! Je vais m’y reprendre à deux fois, avant de, finalement, me rendre compte que le jour s’est levé, que mes oreilles, mes mains, mes pieds sont au bord du négatif, et que je n’y peux rien.

photo

Sur mon iphone, je repère un magasin de vélo dix kilomètres plus loin. Je roule alors lentement, et au moins une dizaine de fois, je dois regonfler mon pneu. Lorsque j’arrive au magasin, il est 9h passé, je suis presque arrivé au bout de ce périple et de l’autre côté de cette longue nuit. Je n’ai pas eu d’accident malgré mes problèmes de piles et de lampes (mon utilisation de la lampe frontale consiste pendant l’essentiel de la nuit à l’allumer dès qu’une voiture approche et à l’éteindre dès qu’elle s’éloigne. Cette histoire de lumière encore : réparant mon vélo en bord de route, un livreur s’arrête pour me demander d’allumer une lumière, parce qu’il n’arrive pas à me repérer. Une fois que ma lampe clignote, c’est une floppée de voitures qui s’arrêtent pour me demander si je n’ai pas besoin d’aide. Au point que j’éteins la lumière.

Bref, cette aventure est un affrontement classique mais toujours aussi profond et cruel entre la nuit et le jour, l’ombre et la lumière, le désespoir et le courage, entre l’Humanité et l’Univers froid et impersonnel, infini et indifférent.

C’est ce combat que j’avais besoin de me remémorer, c’est pour me battre et me rappeler ce qu’est la vie que je conduis ces expériences contrôlées que sont mes randonnées pédestres.

Bien que mon voyage a été un échec sur le papier, il fait partie de ces aventures de l’âme qu’il faut entreprendre parfois et qui vous tombent dessus d’autres fois, ces aventures dont on sort éprouvé, mais grandi. Et un voyage parsemé de rencontres : cette famille qui m’a littéralement sauvé au milieu de nulle part, cette femme qui tenait le magasin de vélo où j’ai pu acheter tout ce qu’il fallait pour ne plus jamais crever, ce petit resto où j’ai pris, pour la première fois de ma vie, une grande assiette de kebab, frites et autres délices nourrissants, et que j’ai trouvé après avoir fait le tour de toutes les rues du centre-ville d’Epernay, qui fut, au final, ma ville-étape d’aboutissement, après 150km d’un trajet éprouvant mais salvateur.

Signing off

dgrv

9 janvier 2010

However hard i try, i always want to die. But why

However hard i try, i always want to die.

But why o why o why ?

2 janvier 2010

Le dernier super-héros

THE LAST SUPERHERO


Un matin pluvieux de novembre 1986, la femme de ménage d'un petit hôtel de banlieue, près de Paris, trouva le corps pendu du dernier super-héros. André Marrieux s'était suicidé aux alentours de trois heures du matin, à l'âge de 10 731 ans, par pendaison. Il était le dernier de son espèce. Le dernier de ceux qui ont veillé sur la race humaine depuis son accession à un état qui peut être défini comme relativement civilisé, il y a environ dix-mille ans de cela.


Malgré les millénaires, on sait toujours aussi peu de choses de l'origine exacte de ces Super-héros, qui se préféraient par ailleurs le nom de « Veilleurs ». Il est maintenant établi de manière certaine, grâce aux autopsies et aux tests adn, qu'il s'agit d'aliens. Il est également admis sans contestation possible que les Veilleurs ne peuvent se reproduire, ce qui a amené certaines sectes à prôner l'idée qu'ils sont le résultat d'une recherche génétique menée par une race alien non dotée de pouvoirs. Ces sectes ont été à l'origine de la vague xénophobe d'attaques et enlèvements sur les super-héros dans les années 30. L'une de leurs Grandes Théories consistait à dire que les Veilleurs ne pouvaient se reproduire parce qu'ils étaient amenés à s'éteindre et à laisser l'Humanité grandir seule. Leur intention était d'accélérer le processus.


Avec les progrès technologiques accomplis par l'Humanité ces derniers siècles, les super-héros sont devenus de plus en plus obsolètes. Les armes à feux, les avions à réaction, la maîtrise de l'atome, les satellites, l'accès à l'espace et la circulation de l'information ont réduit la supériorité que donnaient aux super-héros leurs pouvoirs. Une fois leur mortalité clairement démontrée, leur fin ne fut plus qu'une question de temps. Les guerres, les sectes, les gouvernements totalitaires, les scientifiques un peu trop gourmands ou même les curieux sont responsables aujourd'hui de leur extinction. Leur nombre a commencé à se réduire à partir du dix-neuvième siècle et a connu une diminution drastique au cours des multiples grandes guerres du vingtième siècle, qui n'ont souvent duré que quelques jours grâce aux super-héros, mais qui n'ont cessé de revenir sur le tapis, encore et encore.


Ces deux dernières décennies, les super-héros étaient devenus de plus en plus invisibles, s'impliquant de moins en moins dans les affaires des hommes. Peu nombreux en comparaison avec la masse croissante d'humains, ils se rendirent compte les uns après les autres de leur inutilité et cessèrent de s'intéresser à quoi que ce soit dépassant leur vie individuelle. Cessant de s'intéresser au monde, ils finissaient par dépérir de manière assez étrange et qui semblait quasiment maléfique vu de l'extérieur. Les cinq derniers super-héros vivants ont été victimes d'attentats à la suite. La police scientifique suppose que le suicide d'André Marrieux est lié aux dix-sept attentats dont il a été personnellement victime au cours des trois dernières années.


Aucun message n'est parvenu de la part des autorités françaises ou européennes suite à ce décès presque attendu. Les autorités politiques ont cessé de soutenir les super-héros à partir des années soixante, à la suite de nombreuses études sociologiques ayant démontré la contre-productivité à long terme de l'interventionnisme des aliens aux super-pouvoirs. Après avoir été nombreux parmi les stars du cinéma hollywoodien et européen des années 30 aux années 50, les super-héros ont brutalement subi une vague de dénigrement. Presque toute collaboration avec les États a cessé. La protection policière souvent assignée aux super-héros aux frais de l'état a cessé du jour au lendemain. L'impunité judiciaire officieuse dont faisaient l'objet les Veilleurs a été abolie sans sommation. Bref, les super-héros ont eu la vie dure. Certains ont abouti en prison, d'autres jugés, condamnés et exécutés.


Les spécialistes estiment qu'au départ, les super-héros étaient aux alentours de dix-mille. Ce qui était un nombre considérable par rapport à la population humaine de l'époque. Les archives précises existent à partir du dix-huitième siècle, parfois à partir du dix-neuvième siècle. En 1900, leur nombre n'était plus que d'environ deux-mille. L'une des raisons estimées de cette réduction de population est apparemment la lâcheté des liens entre les différents super-héros et la faible coordination de leurs actions à l'échelle mondiale. Il semble qu'ils aient continué de fonctionner à l'échelle d'un village ou d'une petite ville, comme aux débuts de l'Humanité, incapables de s'adapter à la globalisation qui a bouleversé le monde au fil des deux derniers siècles.


Avec la mort si banale d'André Marrieux, dernier super-héros, c'est une époque qui s'achève. L'Humanité, qui a toujours été protégée, limitée, se retrouve désormais seule, seule face à ses questions. Seule face à ses peurs et à ses folies. Seule responsable de son destin. Qu'il soit grand ou terrible. Le dernier des Veilleurs est mort.

21 décembre 2009

Notes on decay

I am ever dying inside

ever closer to death

fear and loath close to love

i die and die and die

But am still here

Oh fucking why ?!

17 décembre 2009

PODCAST

Tous ceux que j'ai déjà envahi d'emails sont déjà au courant, mais voici, au cas où, toutes les données concernant le podcast que j'ai lancé

 

DREAM ON

The Daniel G. Show

 

Adresse :

http://dgrv.djpod.fr/

Adresse du blog du podcast :

http://dreamon.cowblog.fr/

 

Pour tous ceux qui utilisent itunes, la manière la plus simple de suivre le podcast est de vous abonner. Pour trouver le podcast, rien de plus simple. Vous allez sur itunes store et vous tapez "dgrv". Vous tomberez directement dessus.

J'espère publier un épisode tous les dix jours, dans l'idéal...

29 novembre 2009

Podcast

Voici une première version du générique de mon futur podcast.

Les épisodes 00 et 01 sont en cours de finalisation. Un problème technique m'empêche de publier le premier épisode ce soir. A terme, et si les premiers retours sont bons, je mettrai mon podcast à disposition sur itunes.

feed://dgrv.djpod.fr/podcast.xml

14 octobre 2009

Post scriptum, ou introduction préemptive au poème intitulé "De la Souffrance"

Je tenais à préciser deux choses.

D'abord, je n'ai pas écrit depuis un temps très très long, hors quelques rares exceptions. Dans tous les cas, le domaine de la poésie est resté en friche pour moi depuis à peu près trois ans. Il y a longtemps, dans une autre galaxie, ma vie était construite et prenait sens entièrement autour de l'acte d'écriture, et spécifiquement autour de l'écriture de la poésie. L'écriture, à proprement parler, ne constituait qu'une fraction infime de l'ensemble du processus. Tout le reste de mon temps était orienté vers cette condensation finale de tout ce que j'accumulais le reste du temps. Prédisposition organisée au processus partiellement inconscient de création de la poésie.

 

Depuis trois ans, introduction à la réalité et à la vie active oblige et suite à une modification idéologique du cadre dans lequel mon système d'exploitation mental opère, la poésie a cessé d'être au centre de mon être. Donc, réécrire est extrêmement pesant, et sans le support d'un processus mental total organisé en vue de créer, c'est quelque chose d'extrêmement maladroit que je publie ici.


Deuxième remarque. Cette maladresse est encore accentuée par le fait que je viens de réaliser où reprenait ce chemin que j'avais interrompu en parvenant à ce qui, à mes yeux, était un achèvement accompli de la forme poétique qui constituait la forme et la matière de mon art. Et ce nouveau plan d'existence de l'écriture est une forme complexe et libre de prose poétique. Ceci en est le premier texte. A chacune de mes étapes, il m'a fallu plus d'un an pour parvenir à quelque chose de potable. Comme je n'ai aucune intention d'exercer mon esprit à cela, ceci est un morceau pour donner vaguement une idée de la direction où ma poésie aurait pu aller dans d'autres conditions.

Une des raisons pour lesquelles cela n'ira sans doute nulle part est que mon besoin interne d'écriture s'est effiloché au fil du temps. Il n'en reste que de vagues lambeaux. La souffrance a perdu sa place centrale dans ma vie (ce texte est sorti de la corroboration de l'effet sur mon esprit de deux films éprouvants : Boy A (un bijou !) et La journée de la jupe, vision acerbe et noire du système éducationnel d'aujourd'hui) Mon handicap de volonté m'oblige à laisser tomber toute ambition dans ce domaine et à accepter une vie de passivité.

 

Ceci dit, c'est mon plaisir de vous donner à lire ce petit morceau qui vient malgré tout de moi, et que je ne peux renier, parce qu'il est moi, à cet instant donné. Et ceci indépendamment du fait que lui et moi allons dériver vers des Terres différentes au fil du temps.

Poétiquement vôtre

14 octobre 2009

De la Souffrance


De la Souffrance à l'état brut


J'ai perdu le chemin du retour

et le temps de mourir est passé

mot tableau de ce monde d'horreur

chaque étoile qui meurt m'a blessé


chaque vie que je souffre émeut l'âme

et les mots qu'on connaît sont passés

mais venir pour tenir l'ombre flamme

facile être à ton corps enlacé

à ton corps embrassé

à ton corps engoncé dans l'amour

effacé à ton corps d'éphémères blessés

d'os brisés à ton corps oublié dans la Terre

à ton corps cadavre d'or couvert adoré dort


À TON CORPS DE SOUFFRANCE QUE J'AIME ET ADORE 

et que ne cesse de dire

et que ne cesse de rêver

et qu'à jamais



trouble coeur perfusion de méthane

suit l'instinct du désir d'Être aimé et mia erre ta mertume


la fatigue d'alcool vague à l'art

sans plosion

pas d'ex/plosif 

sans amour extincteur

sans fibrodouleur, ingénieur accrocbaume

trapéziste moureur et fleur de sel de bleus d'erreurs mortelles et des feux en moi sans foi ni 

rien

et encore

toujours

finalement

rien



tentative de vivre sur mille palliers

et une nuit

mille errances d'arcade, perdu

et une de gagné


dans l'infini Borgès

librairie Monstre

et derrière le rideau, Méta taudis de fer

paradis de l'enfer

Métaparadis va te faire...



Da la Souffrance pure et de son raffinement


La violence étiolée s'attache

à subir

vivre étreinte


seule et douloureuse

creusant sa tombe de sangle sanglots

construit tout doucement

belle et paresseuse

un sens étrange animée de sueur animale

glissante torpille


C'est d'un rêve qu'il porte le coup fatal


Et brisant l'élan, toujours tu croyais descendre d'Adam et Eve et finir auprès d'un Esprit

Et la Souffrance fut. Solitaire appui, unique preuve d'existence. Ressenti étrange.


Et Dieu vit son oeuvre. Et il fut content. Et il souffrit. Et l'Homme dieu

ou le Di-Om

rêva

cauchemar éveillé

de les éventrer tous

de leur arracher la tête

ou le coeur

mets de choix

et pluie de torrent, l'Homme se souvint de ce jour à venir

où tout a été mort

et rien ne va ternir

la pureté cristal

d'un Pierremonde à la conscience trop étale

pour vivre, concentré, vivre de douleur si intense que rien ne reste que de détruire TOUT DE TOUT DE TOUT et de l'ensemble infini de cette chose qu'on appelle l'âme du monde



Et nulle âme

à ton corps adoré

adhéré désormais montagne et plate cime

ne rêve que ce reste

et sans toi désormais

la souffrance s'arreste

à ton corps démembré



Définition Absolue de la Souffrance



J'aime


 

Publicité
Publicité
1 2 3 4 5 6 7 > >>
dgrverrances
Publicité
Archives
Publicité