Le Grand Silence

Je reprend la plume, après quelques jours de pause. Le sang de la vie mentale reflue peu à peu en moi. J'ai de ces envies d'écrire ma deuxième nouvelle ! Alors ceci est un appel officiel à sujet. Léo m'a donné le sujet de ma première nouvelle, alors si quelqu'un aurait l'amabilité de me donner un coup de pouce, je serais heureux d'ajouter en haut d'un manuscrit "Sur une idée de...". De toutes les manières, ce que j'écrirai sera de la science-fiction. Sinon, je m'ennuye ferme.

Il y eu une époque où trop d'imagination était très mal vu. C'était quasimment une maladie, une tare. Personnellement, s'il n'y a que la réalité, dans sa plate complexité, je me meurs d'ennui, je n'arrive pas à inventer quoi que ce soit. Je ne suis pas bon quand il s'agit de décrire l'ici, le maintenant, quand il faut arriver à faire croire à l'exacte réalité de ce que l'on connais déjà de toute façon. Mon projet de longue date tient plus que jamais : je veux décrire ce qui ne peut être décrit, aller au-delà, une fois pour toutes. Cela reste mon but...

Revenons un instant sur Terre. Ces derniers jours ne m'ont pas laissé un seul instant de répit. (Enfin, je ne me suis pas laissé un seul instant de répit, plutôt...) Grâce à la générosité de Jonathan, j'ai désormais un appareil photo. (Oh bonheur ! J'adore la photographie ! Et d'ailleurs j'ai des envies de faire un court métrage en ce moment...) Je me suis aussi procuré tous les médicaments. Je ne vous dis pas le prix. Il y a de quoi ruiner n'importe qui ! Tous les vêtements sont sous ma main. Je les essaye la semaine prochaîne, quand j'aurais acheté le sac à dos et que je l'aurais bourré de tout ce que j'emporte. Une petite balade d'une journée ne me fera pas de mal. Je viens de peser tout, et j'ai bien peur d'avoir à porter environ 11kg,5 (sans la nourriture). Plus que je ne voulais, mais pour le coup, je n'ai pris que le minimum. Si j'avais voulu réduire le poids, j'aurais dû me débarrasser de la tente et du sac de couchage, auquel cas je n'aurais plus eu la moindre autonomie. Ce n'est pas si mal, finalement.

J'ai mes billets. Départ le 11 mai !



Tout est devenu réel. Après la peur, après l'inquiètude et le doute, après les premiers efforts, encore indécis, me voilà presque prêt à affronter ce que j'ai moi-même cherché.

Parfois, je n'arrive pas à croire que c'est moi qui me jette dans la gueule du loup. Pourquoi irais-je risquer ma vie dans des endroits où je n'aurai rien pour me rassurer, aucun sentiment de sécurité ? Parce que tel que je me connais, je ne vais cesser de trembler. Je suis quelqu'un de très peureux. Un rien m'effraie. mon coeur s'emballe pour un rien.

Suis-je l'homme de la situation ? Non. Quoi que je fasse, j'aurai peur. Je chercherai une menace dans les coins sombres qui vont m'entourer, et j'ignore comment je réagirai s'il y en a une, réelle.

Ici, dans la vie que je mène, quand je suis chez moi, au cinéma ou même à marcher la nuit en Ile de France, je n'ai pas peur. Il ne m'est jamais rien arrivé. Je me sens en sécurité, chez moi, parce que je commence à bien connaître le coin, et que je peux toujours m'enfuir, attraper un bus au prochain carrefour, prendre une petite ruelle et m'éclipser discrètement. J'ai un portable, j'habite un Etat de droit

Alors que là où je vais, je vais être seul. Sans nulle part où aller. Sans autre choix que de foncer. Je serai facilement repérable. Par mes habits, la couleur de ma peau, mon accent ou simplement ma langue. Pire encore, par mon comportement.

Tout cela est vrai, oui. Pourtant, avoir peur est normal. Et la peur n'empêche pas de faire ce qui est en même temps un rêve, aussi dur qu'il soit. Ce n'est pas parce qu'on a peur de quelque chose qu'on ne doit pas le faire forcément.

Comments

[La Féline]

Quand j'étais petite, j'avais peur des monstres cachés dans le noir, sous mon lit.
J'ai grandi. J'ai toujours peur de ce que je ne vois pas, de ce que je ne connais pas, mais je sais que le noir est un refuge, qu'il me cache autant qu'il cache les autres...
Je fais plein de voeux pour toi. Tous les jours, j'ai une pensée pour toi, jeune voyageur qui vas vivre périples et merveilles, disconvenues et bonnes surprises, et qui sortira grandi de cette expérience magique.
Grandi, nourri de différences et d'expériences, abreuvé de cultures...
Il y a tant de choses à découvrir... Que la peur t'aide à garder les pieds sur Terre, à te prévenir des dangers, mais qu'elle ne t'empêche pas de t'ouvrir aux autres et de partager avec eux...